Voilà quelques temps, j'ai rencontré une association de dirigeants. Le professeur Schmitt et moi, nous voulons lui parler de nos travaux sur la transformation de l'entreprise. Sentiment bizarre. Nous comprenons petit à petit qu'on se méfie de nous. On nous voit comme des consultants. Et on ne peut pas faire confiance à des consultants !
Qu’une association de dirigeants se méfie des consultants, des entrepreneurs, a quelque-chose de paradoxal, vous en conviendrez. Ne vivons-nous pas à l’époque du marché ? Même l’université a été gagnée par lui. Il est fini le temps béni où l’on pouvait faire une confiance aveugle à la parole sans biais du normalien communiste. Un jeune enseignant peut prétendre gagner 300.000€ ou plus, et il le fait en vendant ses services !
Comme me le disait un syndicaliste de la Chambre de Commerce de Paris (que j’ai accompagnée dans ses changements) : comment pouvons-nous vous faire confiance, puisque vous êtes payé par le patron ? Question terrible. Le dit syndicaliste étant lui-même payé par le dit patron.
La devise de la bourse de Londres est « my word is my bond ». Les Anglo-saxons croient que les affaires sont une question de confiance. Moi aussi. Et s’il était temps que la France se réconcilie avec l’argent ? Et découvre qu’il ne corrompt pas systématiquement ? Et qu’il est possible de créer des réseaux de confiance ?
Il se trouve que c’est le thème du papier que j’ai écrit avec le Professeur Schmitt. (Un redoutable esprit subversif, qui vendrait son âme pour un kopeck.)
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