En vieillissant, je comprends que j'ai fait une erreur. J'ai mené mon travail, mes missions de conseil comme si ma vie, celle de la société, en dépendaient. J'ai surtout considéré ceux pour lesquels je travaillais comme des héros. Ce qu'ils acceptaient, comme un dû.
Je me trompais. L'homme ordinaire est poussé par son intérêt. Il juge à partir de règles. En particulier ses contemporains (i.e. "il faut faire ceci ou cela"). Et c'est en jouant sur ces règles sociales qu'il cherche à atteindre ses objectifs, en manipulant ses semblables. Autrement dit, il conçoit l'autre comme chose. Ce qui signifie aussi l'incapacité à affronter l'incertitude (= règles inopérantes), et à écouter. Et une grande lâcheté, dans la difficulté.
Curieusement, cette découverte tardive n'a pas nui à ma motivation. J'ai ma forme d'égoïsme. Au fond, j'ai le même idéal qu'Hannah Arendt. Une société, unie, qui fonctionne et qui crée une sorte d'oeuvre d'art : son avenir collectif. C'est cela la politique, au sens premier du terme. Plus besoin de croire aux autres. Je crois en la société. Et dans la recherche que représente ce blog.
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