mardi 5 novembre 2013

Insead, proie et ombre

Débat sur une plate-forme d'échange de l'Insead (à laquelle je n'ai plus accès suite à une évolution technique à la Obamacare) : le doyen de l'Insead va-t-il quitter la France ? L'histoire de l'Insead mérite un billet. 

A note for English speakers.
As Insead new dean elects to stay in Singapour, this post looks at a paradox. Insead has been founded as the MBA for Europeans. An extraordinary success has ensued. Recently it has chosen to be “the business school for the world”. Since then it has been taken over by European schools that have stuck to their roots. Insead’s future is worrying. It has left a large and rich market for a non existent one. This post makes an assumption. Insead’s problem comes from its professors. Insead has tried to recruit US academics. For obvious reasons it could only get second tier people. (To know Ben Bernanke is the current dean’s apparent main feat of arm…). While Insead should have made its teaching staff in its image, the opposite has happened.  

L'INStitut Européen d'ADministration des affaires fut une innovation. C'était une adaptation du concept de MBA à l'Europe. En fait, c'était une sorte d'executive MBA. Autrement dit un MBA court pour cadre ayant déjà une grosse expérience. En effet, en France et en Allemagne, le cadre est généralement Bac + 5, voire plus (docteurs allemands, corps de polytechnique...), alors qu'il est Bac + 3 aux USA. Succès remarquable. L'Insead a longtemps été LE MBA européen. On y venait, j'ai eu cette impression, lorsque l'on était intéressé par l'Europe. Par exemple certains élèves Japonais avaient préféré l'Insead à Harvard parce qu'ils comptaient mener une carrière en Europe (ou, du moins, leur employeur avait formulé ce projet pour eux).

Puis, changement. L'Insead devient "the business school for the world". Que cela signifiait-il ? Que l'Europe était finie ? Que l'avenir était à la globalisation et à l'Asie ? Ce faisant n'a-t-il pas lâché la proie pour l'ombre ? N'a-t-il pas délaissé un marché, peut-être ringard, mais qui lui était acquis, pour un autre, pour lequel la pâle copie de Harvard qu'il est n'a aucun intérêt, et qui d'ailleurs tend à ne prendre de la globalisation que ce qui l'intéresse ? L'Insead a lâché l'Europe pour Singapour ? Ne s'est-il pas fait voler sa place par des écoles qui n'ont pas eu son complexe de supériorité, et qui se sont adaptées sans renier leurs racines, comme HEC, l'ESSEC, l'IMD, l'IESE ?

Simple erreur stratégique ? Ce qui nous frappait, mes camarades et moi, lorsque nous étudions à l'Insead était le décalage entre le niveau des élèves et celui des enseignants. Les premiers étaient issus des universités d'élite, les seconds étaient, dans le monde des MBA, de division d'honneur. Et si le vice de fabrique de l'Insead avait été son incapacité à construire un corps professoral qui corresponde à son positionnement ? Et si c'était ce corps professoral qui avait mené le changement, en cherchant un terrain sur lequel ses caractéristiques aient été un avantage, alors que c'était lui qui aurait du se réformer ?...

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