mardi 14 juillet 2009

New Fabris et révolution

Revue de presse de ce matin par France Culture : menace de dynamitage d’une usine par son personnel, qui demande une prime de licenciement en échange du bâtiment.

La presse étrangère est atterrée : décidément le Français ne saura jamais bien se comporter. C’est un incorrigible révolutionnaire. Juste, avec une erreur cependant : le caractère révolutionnaire français n’est pas le fait du seul peuple, mais celui de la société :

  1. La presse note a) que la prise d’otages paie et b) que ces mouvements violents viennent de l’absence de syndicats puissants. En effet (cf. l’Assemblée nationale, les pavés et les CRS), les corps intermédiaires ont beaucoup de mal à survivre dans notre pays. En ce qui concerne les syndicats, leur affaiblissement est en partie à porter au compte des gouvernants et des dirigeants, qui pensaient que le syndicat agitait le peuple. Ils avaient pris le symptôme pour la cause.
  2. Tout ceci est connu des dirigeants. Certains ont tellement peur du mouvement social qu’ils préfèrent la faillite que de l’affronter. La plupart des autres arrivent à le dégoupiller. Ce qui n'est pas difficile : les revendications des employés sont sues de tous, très tôt, et il est possible de les satisfaire à coût faible, pour peu que l’on soit prêt à discuter (je me demande d'ailleurs si ce n'est pas la revendication essentielle des employés : faire l'objet d'un minimum de considération).

Je ne connais rien au problème, mais il me semble autant porter la marque d’un management peu éclairé que d’un peuple irresponsable.

Compléments :

  • Sociologie des syndicats explique l’évolution du syndicalisme en France.
  • La stratégie française est totalement rationnelle en ce qu’elle conduit à une modification des comportements managériaux dans un sens favorable à l’intérêt de l’employé. Plus généralement, la revanche est une stratégie sociale rationnelle : SIGMUND, Karl, FEHR, Ernst, NOWAK, Martin A., The Economics of Fair Play, Scientific American, Janvier 2002.
  • Comment éviter de tels incidents (exploités avec complaisance par la presse étrangère), qui nuisent à l’image de la France ? Il faut probablement prendre à contre-pieds les tendances « libérales », qui avaient le vent en poupe ces derniers temps, et qui installaient la lutte des classes au sein de l’entreprise. Il faut reconstruire un minimum de tissu social entre dirigeants et employés.

5 commentaires:

Bsa a dit…

Les dirigeants oublient toujours volontairement que la reconnaissance n'est pas la gratitude. C'est 1. la rémunération du service rendu et 2. Le partage du pouvoir. Comme cela est inconcevable pour les elites la guerre entre classes sociales continuera.

Bsa a dit…

Pour ce qui est des actions du petit peuple et bien le français se révolte toujours (pour ainsi dire naturellement) contre la tyrannie. Actuellement celle du marché.

David a dit…

Pour expliquer la desagregation syndicale (qui a pour consequence la prise en main brutale des problemes de la crise), il y a le fossé entre les appareils et la base. De la meme facon que le gouvernement et le parlement ne semblent pas representer les interets des gens affectes par la crise, les instances nationales des syndicats ne repondent pas non plus aux besoins du terrain. J'ai toujours pense que plus de transparence a tous ces echelons redonnerait confiance dans le systeme.

Christophe Faurie a dit…

Ce qui m'a surpris c'est qu'il n'en a pas toujours été ainsi. L'organisation syndicale pré 68 semblait plus "démocratique" et représentative (voir référence sur la sociologie des syndicats, http://christophe-faurie.blogspot.com/2009/02/sociologie-des-syndicats.html).

Herve a dit…

Enfin, le français menace, mais passe rarement à l'acte.. Dans d'autres pays, on passe à l'acte sans même menace...