Visite de l’Institut de Physique Chimie, fondé par Jean
Perrin, et de l’Institut Henri Poincaré, créé par Emile Borel. Chez ce dernier,
l’objet de la visite était une collection de représentations de fonctions et
figures mathématiques, en trois dimensions. Pas très belles. Mais remarquables
de précision quant on songe qu’il a fallu les fabriquer à la main.
Cela m’a fait regretter de ne pas avoir apporté plus d’attention
aux mathématiques. Elles sont enseignées comme une sorte de test d’intelligence,
alors qu’il faudrait les apprendre comme le font les médecins : en en
emmagasinant les résultats dans sa mémoire. (Ma tête n’est tout de même pas un
désert : en rentrant chez moi, j’ai ouvert le livre d’Henri Cartan sur les fonctions analytiques ; j’ai constaté avec soulagement que
mes idées se remettaient en place.) Plus intéressant, à mon goût, un volume,
homogène, qui a un seul point d’équilibre (stable). Il aurait été obtenu par
bricolage, semble-t-il.
Puis Institut Curie. Plutôt pauvre ce laboratoire et que le
jardin que Marie Curie semble avoir tant aimé est petit et misérable ! Pauvre
science ?
Passage au Collège Boncourt. Après avoir appartenu à
Polytechnique, il est devenu ministère de la recherche. Un
ministère ? Plutôt un bureau dans un bâtiment ancien. Pauvre recherche ?
Plus curieux : derrière le jardin du « collège »
est l’ancien amphi de Polytechnique. Il a été transformé en une
bibliothèque dans laquelle se trouvait le bureau de Claude Lévi-Strauss.
J’ai fini ma tournée par le collège des Ecossais, rue du
Cardinal Lemoine. Fort pauvre, lui aussi. Domaine des Dominicains, il héberge
une maternelle, une école primaire, un pensionnat pour jeunes filles vertueuses,
une petite chapelle, dans laquelle est placée la cervelle de Jacques II d’Angleterre.
La rue ayant été abaissée, l’ancienne porte est au premier étage.
Partout, il y avait des guides, ce que je n’attendais pas. Bénévoles,
probablement. Tout ceci a quelque chose de « citoyen », comme le
vote. Découverte du patrimoine, de l’héritage, de sa culture, mais aussi de
ceux qui l’habitent et le font vivre. Cela crée ou recrée un lien avec sa
nation. Pas aussi innocentes qu’elles le paraissent spontanément, ces journées ?
En cherchant le nom de l’Institut de Jean Perrin, je me suis
rendu-compte que tous les scientifiques de l’époque, les Perrin, les Curie, les
Borel… étaient liés les uns aux autres. J’ai lu quelques biographies, Borel,
Hadamard, Bertrand, Lévy, Julia… Tous plus ou moins premiers de Normale Sup (et
de Polytechnique). Tous brillants (Bertrand suivait les cours de Polytechnique
à 11 ans !). Et, curieusement, pas si lointains que cela : mon
professeur de mathématiques de math spé avait connu Hadamard. (Elle
appartenait apparemment à une dynastie de mathématiciens.)
La France semble bien loin de cet âge d’or scientifique. Avons-nous
épuisé ce que les mathématiques avaient de facile ? Ou était-il plus
difficile d’être scientifique au 19ème siècle, ce qui faisait que
ceux qui le devenaient avaient plus de place à occuper qu’aujourd’hui ?
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