Et si la croissance causait la pauvreté ? Ce serait l’illustration
même d’un grand principe de systémique : « la
solution est le problème ». Pour combattre la pauvreté, nous
voulons croître, or, c’est la croissance qui crée la pauvreté.
L’argument qui soutient cette idée est imparable : en
détruisant (transformant) les ressources naturelles, la croissance augmente
leur prix, et met au désespoir le pauvre.
Et si, d’ailleurs, le moteur même de notre système était la
pauvreté ? Il y a quelques ans, j’ai acheté un parapluie à 10€. En une
semaine, j’en avais consommé deux. J’en ai alors acquis un dernier à 30€. Non
seulement il est automatique, ce que n’étaient pas les autres, mais encore il
est indestructible. Et combien faut-il de Tshirts bon marché pour obtenir la
durée d’un polo de bonne qualité ? C’est étonnant à quel point le pauvre
peut se faire arnaquer. Pour remplir une fonction donnée (s’abriter, se vêtir),
il doit dépenser plusieurs fois plus que le riche.
Le pauvre est un
consommateur né :
La pauvreté est proche de la dépression, dit Poor Economics.
Et pour ne pas y sombrer, le pauvre a besoin de « compensations », qu’il
trouve dans la consommation. Et le pauvre n’est pas instruit. Ce qui le rend manipulable
à merci, notamment par la publicité et les modes.
Probablement aussi, le pauvre est isolé. Il n’appartient pas
une communauté qui puisse l’aider. Ce qui ne fait que renforcer les phénomènes
précédents.
C’est pour toutes ces qualités que le pauvre a peut-être été inventé. Car on ne nait pas pauvre, on le devient, comme aurait dit Sartre. Les communautés traditionnelles et les « sauvages » modernes ont une forme de propriété collective de leur environnement, donc de richesse. Un des actes fondateurs de la Révolution Industrielle a été de les en priver sans contrepartie, faisant de leurs membres des pauvres.
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