Une autre mission d'Eric Minnaert chez les biscuitiers... Dans cet épisode le
dirigeant d’une usine soupçonne que des manœuvres syndicales expliquent une
faible productivité.
Ce qui frappait dans l’usine, c’était la différence entre les mondes des hommes et des femmes. Le monde de la fabrication, celui des hommes,
« les pâteux », était
viril, « des mecs moustachus »,
qui se donnaient des surnoms de surhomme. Pourtant, par certains côtés, c’était
un monde féminin. « Vocabulaire lié
à la maternité, au ventre, température de 36°… » « Alors que les hommes étaient dans la
procréation, les femmes socialisaient le biscuit ». Les femmes
travaillaient à la production. Bienvenus chez les misérables : « femmes surendettées, seules avec des enfants »,
« femmes battues », « burn out », « les tensions entre elles étaient visibles »,
« peu de gens voulaient faire leur
travail », d’ailleurs, « les
hommes obtenaient vite des promotions à la fabrication ».
Un jour il remplace une ouvrière. Il se brûle en tirant de
la chaîne un biscuit mal cuit. Lorsqu’elle revient, il lui parle de son
accident. Elle se brûle aussi. Mais cela lui donne l’impression de faire un
travail utile. Et si cela expliquait pourquoi il y avait eu 3 accidents
similaires, sur trois machines différentes, dans un univers où il n’y a pas
d’accidents ? Et cette mort d’un ouvrier ayant voulu nettoyer des lames
encrassées sans arrêter la chaîne de fabrication, parce qu’il n’aurait pu le
faire sans s’attirer l’hostilité de ses collègues ? « C’était une façon de se recréer une identité »
là où le travail n’avait plus aucun sens (« il avait fallu dix minutes pour me former »).
Il fallait « recréer
une notion d’identité technique interne ». « Un partenariat avec la CGT a débouché sur un métier pour ces
femmes ». Elles devenaient responsables conjointement de la machine. Elles
s’occupaient aussi de sa maintenance « de
niveau 1 et 2 ». Jusque-là ces tâches étaient assurées par le
personnel de maintenance, des hommes. Pour éviter un conflit, « on leur a confié la maintenance des travaux
neufs, le pilotage de nouveaux projets, les normes incendies… » On enrichissait
ainsi leur métier.
Mais ces usines ont fermé. La déshumanisation du travail a
conduit à une forme de dépression du personnel, dont la productivité a chuté.
Une bonne raison de délocalisation.
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