Isolé du monde, l’homme se fait de rêves. Et il refuse la
réalité pour les protéger. C’est ce que me semble dire le livre du billet
précédent. D’ailleurs, si les victimes de la crise ne se sont pas révoltées, n'est-ce pas parce qu’elles partageaient la croyance collective ? Elles
reconnaissaient leur défaite ?Phénomène surprenant mais qui se comprend.
J’ai l’impression qu’il a été rendu possible
par l’Etat providence. En nous prenant en main, en nous apportant protection et
prospérité, il a créé les conditions d’une perte de contact avec la réalité. Il
a fait de nous des égoïstes au cœur froid. Des amoureux du capitalisme vu comme
loi de la nature. Le contraire de ce qu’il voulait. Et les êtres mesquins qu’il a
créés l'ont détruit.
Et l’avenir ? Il est possible que nous ayons à
réinventer l’amitié. Il faut aussi se demander quelles sont « les
conditions de l’homme moderne », pour reprendre, à peu près, l’expression d’Hannah Arendt. C'est-à-dire quel est le système qui fait de l’homme un être humain,
plutôt qu’une forme inférieure d’animal. En tout cas, nous
devons éviter de reconstituer un Etat providence qui nous
déresponsabilise. (Il faut en baver pour devenir sympa ?) Il est aussi logique de
croire qu’un tel système ne peut être imposé par la force. Ce serait une
nouvelle fois contre productif. Il devra émerger de la « volonté du peuple ».
Ou de quelque chose d’approchant.
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