jeudi 27 novembre 2014

Et si la société pensait, sans nous le dire ?

Les commentaires sont utiles… Un échange avec  David Cohen me donne l’idée qu’il n’est pas naturel de penser. Que l’homme cherche à éviter de se fatiguer. Comment se fait-il que nous pensions, donc ? Il se trouvait que j’étais alors en train de réviser des textes pour un livre. Et que cet échange me les a fait voir sous un angle nouveau. En fait, j’ai retrouvé une vieille idée, mais que je n’avais pas aperçue ainsi.

L’histoire
Les textes en question proviennent de notes prises pendant une mission. Résumé :

C’est un peu l’histoire de la Guerre de Troie n’aura pas lieu. Je travaille pour un équipementier. Il n’est pas rentable. Il doit donc batailler pour maintenir sa rentabilité en phase d’appel d’offres. Je suis là pour l’aider à tenir son cap. Mon texte est la chronique de l’appel d’offres. Irrationalité à l’état pur. C’est une guerre fratricide. Le jeu de chacun est de baisser les prix pour nuire à l’autre ! A chaque fois que je pense avoir ramené quelqu’un à la raison, il revient 5 minutes plus tard à sa position antérieure. Et ça dure sur une trentaine de pages ! Et ça se termine par 200m de pertes. (Même le client n’en revient pas !) Et, alors que tout le monde a participé au désastre, on me demande de désigner des coupables !
Voilà le plus curieux. Alors que l’on pensait tout perdu, les ennemis d’hier se mettent à travailler ensemble et produisent en une semaine un plan qui permettra (après quelques nouveaux coups de théâtre) de combler le trou. Celui qui n’a pas assisté à un tel retournement ne peut pas comprendre que l’exploit soit une des caractéristiques de notre culture !

Mon interprétation
Je pense que l’on voit ici la façon dont la société procède pour penser sans que nous pensions…

En gros, elle nous projette les uns contre les autres. Nous essayons d’imposer aux autres nos intérêts. Ils font de même. D’où une succession d’attaques et de contre-attaques, de victoires et de revers… Mais ces chocs nous permettent à la fois de comprendre la logique de l’autre, ce qui compte pour lui, sa notion de la justice, et de progressivement mettre au point notre partie de la solution collective nécessaire. Tout cela se fait dans la douleur, mais inconsciemment. C’est ainsi que nous pensons sans penser. Du moins, c’est ma théorie.

Husaren Völkerschlacht bei Leipzig.jpg

Séance de créativité
« Husaren Völkerschlacht bei Leipzig » par "Geschichte des Husaren-Regiments von Zieten ( Brandenburgisches) Nr. 3" von Armand Freiherr v. Ardenne Berlin 1903. — La source de ce fichier n’est pas indiquée. Merci de modifier la page de description du fichier et de fournir sa source.. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

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