Un ami m'écrit, en réponse à mon Manifeste pour une économie du partage de la connaissance :
Je suis tout à fait d'accord avec le billet, la création de valeur vient avec la créativité et l'échange. Et dans tous les cas si l'économie du partage fait stagner ou décroître la consommation automobile, cela aidera peut-être à sauver la planète. Ce qui est mauvais dans cette économie d'Internet, ce sont les prédateurs qui sautent sur un domaine l'essorent et s'en vont ensuite comme des voleurs. "L'économie ne repousse pas sous les sabots de leurs milliards".Avec le temps il y aura bien quelque chose qui repoussera.
Il me semble illustrer deux idées qui jouent un rôle central dans notre pensée actuelle :
- Limites à la croissance : si l'industrie prend un coup dans les gencives, ce n'est pas grave, nous consommons trop, nous détruisons la planète ;
- destruction créatrice : le numérique est un mal qui va produire un bien, l'industrie va être obligée de se remettre en cause.
Je précise mon point de vue. C’est une variante de Marx et de sa corde. Le partage de voitures ou autres se justifie par la pauvreté, qui est elle-même une conséquence du système. Si l’on réduit la consommation de voitures, ou autres, on a faillites, car les fabricants sont en limite de rentabilité. Et ils sont incapables de s’auto réguler. S’il y a crise, il n’y a plus d’industrie et il y a chômage massif.
Bref :
- La planète sera peut-être plus propre, mais cela nous fait une belle jambe puisque nous ne serons plus là pour l'admirer. Ce n'est pas ce que veulent les Limites à la croissance ou les écolos : ils veulent une planète propre pour que l'existence de l'humanité soit durable.
- Le capitalisme ne se réinvente pas par l'opération du Saint Esprit. Comme de temps en temps, il a besoin d’un coup de main de la collectivité pour se sortir de ses cercles vicieux. C’est d’ailleurs ce que disait l"histoire du socialisme de Donald Sassoon : le rôle du socialisme semble avoir été de sauver le capitalisme ! (SASSOON, Donald, One Hundred Years of Socialism: The West European Left in the Twentieth Century, New Press, 1998.)
Mon argument est le suivant : l’économie, qui demeure qu’on le veuille ou non un des moteurs de notre société, peut être relancée sur l’idée du partage de connaissances. Quelque-chose qui ne s’épuise pas lorsqu’on le donne, mais qui augmente. Et qui est durable. C’est théorique, bien sûr. Mais, si ça marche, le capitalisme, sans changer de logique, et sans nous forcer à modifier notre vie, fait le bien au lieu du mal.
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