lundi 6 mai 2013

La force de Hollande : la résilience ?

Peu de gens défendent François Hollande. Les partis de gauche semblent, en particulier, vouloir sa perte. Apparemment, la critique la plus assassine qui lui soit faite est qu'il gère la France comme le PS. Mais, en quoi est-ce une critique ? Il a tenu la tête du PS fort longtemps, et il est devenu président de la République. Où est l'échec ?

Du coup, je me suis dit qu'un tel homme devait tout de même avoir des qualités. Lesquelles ? Je tiens peut-être une piste : la résilience. Ce blog a découvert la résilience lorsqu'il a étudié Les limites à la croissance. La résilience est la capacité à résister à un choc sans perdre son identité. (Et, même, à se régénérer.) Le fondement de la résilience est la diversité. Plus un écosystème est divers, plus il est créatif dans l'adversité et durable. Le gouvernement illustre cette biodiversité. Ne va-t-il pas de M.Mélenchon à M. Valls ? La diversité d'opinion n'y est-elle pas la règle ? Il suffit d'écouter MM. Mélenchon, Valls, Moscovici et Mme Pellerin parler de Dailymotion pour s'en convaincre.

Or, la biodiversité politique est bien adaptée à un temps d'incertitude. D'abord, parce que lorsque l'on ne sait pas ce dont demain sera fait, il est une bonne idée de pouvoir disposer de plusieurs options. Ensuite, parce que la bonne solution pourrait demander un mélange. Le talent de François Hollande est de faire tenir ensemble un tel écosystème. Président systémique ? Président insubmersible ?

4 commentaires:

FrédéricLN a dit…

Merci pour le lien vers Art qui me permet de découvrir votre blog. Mais il me semble justement que le défaut du gouvernement est sa monoculture partisane PS : rien que des élus (aucun salarié du privé ou entrepreneur, ai-je lu), rien que des socialistes et leurs satellites historiques des Verts à la seule exception de Pascal Canfin, arrivé plus récemment.

Au sein du PS, les débats idéologiques sont, depuis des décennies, joués. Les grognards "de gauche" s'aligneront sur des lignes qu'ils dénonçaient comme social-libérales, s'il le faut "pour faire barrage à la droite" (comme Arnaud Montebourg soutenant François Hollande au second tour de la primaire) et les plus proches du monde des affaires n'hésiteraient pas à s'auto-proclamer "gauche populaire" s'ils croyaient deviner là un gisement de voix — tout comme la "droite forte" est animée par un consultant en opinion, surveillant professionnel des conversations sur le web.

Le gouvernement Sarkozy/Fillon avait de la biodiversité, mais un chef de l'Etat incapable d'écouter ou de bénéficier de cette diversité : c'était une "ouverture" pour rien.

MM. Hollande/Ayrault ont certainement la capacité d'écoute, mais ce qu'ils entendent est l'éternel bruissement des combinaziones de Solférino : rien qui puisse les renseigner sur l'état du pays.

C'est précisément de biodiversité que ce gouvernement aurait besoin — mais d'une biodiversité qui refléterait l'état et les forces du pays. Entrepreneurs et salariés du privé, innovateurs en associations ou en sciences, investisseurs et emprunteurs — tout ce que le gouvernement actuel n'a pas.

Christophe Faurie a dit…

J’avoue que ce que vous dîtes est juste. J’avoue aussi avoir surtout écrit ce billet pour provoquer mes amis, qui pensent le plus grand mal de François Hollande.
Mais le monde est toujours plus compliqué qu’on ne le croit. Les dirigeants de chambre de commerce avec qui j’ai travaillé m’ont dit qu’ils préféraient la gauche à la droite. Pourquoi ? Parce que la droite pense tout savoir sur l’entreprise. Or, elle n’y connaît rien. L’élu fait toute sa carrière dans un système politique, qui le coupe de notre réalité. En revanche, la gauche (le communiste était leur préféré !) veut créer de l’emploi. Or, elle est convaincue de son incompétence économique. Elle cherche donc des alliés compétents.
Ce que peu de gens ont noté est que les grandes réformes libérales mondiales ont été faites par la gauche…
Ma conviction est que M.Hollande est un « Chinois ». Il exploite le mouvement des événements. Or, celui-ci ressemble beaucoup à ce que je vois dans les changements d’entreprise. Le paradigme de la rigueur commence à vaciller. Les gouvernants cherchent maintenant une autre voie. Une fois que ce mouvement aura pris de l’ampleur, j’ai l’intuition que notre gouvernement lui emboîtera le pas.

FrédéricLN a dit…

Tout à fait d'accord sur le fait que la droite ignore l'entreprise tout autant que la gauche — sauf à confondre "connaître l'entreprise" avec la fréquentation de l'hôtel particulier des Bettencourt.

Quant à François Hollande, j'espérais qu'il cachait son jeu, qu'il était conscient de la situation du pays et qu'il attendait le moment opportun — j'ai vu passer une bonne douzaine de moments opportuns et le pays continue à s'enfoncer, sans que le chef de l'État semble s'inquiéter d'autre chose que de désamorcer les humeurs du tout-Paris médiatique. Je veux encore croire qu'il cache son jeu. Mais enfin, sept mois après son arrivée aux commandes, de Gaulle en 1958 avait déjà redressé le pays (et pour quinze ans) : là, j'ai surtout l'impression d'un pouvoir abîmé dans la contemplation de lui-même.

Encore six semaines avant l'été pour réagir. Après, ce seront des campagnes électorales, le gouvernement oscillera comme un bouchon sur des flots, c'est la règle des campagnes.

Christophe Faurie a dit…

Pour ma part, il me semble 1) que nous devons faire le deuil de De Gaulle, 2) que Hollande pourrait être en train d'agir, mais sans le dire (ce qui sera l'objet d'un prochain billet).

De Gaulle a reconstruit le modèle monarchique. Il nous a infantilisés. Hollande, qu'il le veuille ou non, nous renvoie à nos responsabilités. C'est pour cela que nous le haïssons.

J'ajoute à cela qu'il ne faut pas sous-estimer un politique. J'ai organisé un jour un séminaire avec un spécialiste des élus. Les participants sont sortis dégoûtés de l'abjection qu'ils ont entrevue. Et pourtant, j'ai fini par comprendre que le politique avait une force exceptionnelle. C'est un "survivant". C'est un jouisseur paresseux la plupart du temps (ce qui n'est probablement pas le cas de Hollande), mais il est capable de coups de génie dans les moments désespérés. C'est le contraire de De Gaulle, qui ne pliait pas, mais qui a cassé.
Il ne faut donc pas juger le politique à sa capacité à "conduire le changement". Il représente "l'exécutif" = il doit appliquer notre volonté à nous, le peuple. A nous d'avoir une volonté !