samedi 6 septembre 2008

Le Mal américain

L’Insead du début des années 90 admirait le Japon. L’Amérique était « has been ». En 1983, Michel Crozier écrivait Le mal américain.Depuis, le pays s’est redressé. Quinze ans de bulles spéculatives ! Eamonn Fingleton (voir les notes précédentes) a probablement tort de craindre la sinisation de l’Amérique, mais n’a-t-il pas raison de s’inquiéter de son état ?
  • On ne peut pas survivre dans une économie de marché si l’on n’a rien à vendre. Or, les USA semblent avoir détruit tout ce qui leur permettait de produire. Infrastructures de transport mal entretenues. Études scientifiques mal aimées. Plus d’industrie. Ils parient sur le service. Mais le service s’exporte mal : vous embauchez sur place, et vous ne récupérez qu’une faible marge. Et votre avantage concurrentiel est difficile à défendre (cf. l’offensive des SSII indiennes). Le secteur financier sait se nourrir de l’effort des autres, mais il semble avoir mal supporté l’épisode des subprimes.
  • Jacques Mistral observe que la croissance récente a été tirée par la consommation. Les USA achetaient à l’extérieur, mais n’y laissaient qu’une faible marge, le gros du prix du produit allant aux intermédiaires (grande surface, transporteur…). Ce qui faisait vivre beaucoup de petits boulots peu qualifiés. Rien de très durable là dedans.
  • Bien sûr, la force des USA c’est l’innovation. Mais elle produit surtout des bulles ces derniers temps. Les USA ont aussi la plus puissante armée du monde. Mais ne s’en servent-ils pas de manière ruineuse ?
Alors, il est tentant de penser que, comme leur population, les USA vivent à crédit. Et que la Chine, notamment, leur prête pour les contrôler. Finalement Eamonn Fingleton n'a-t-il pas tort d'être pessimiste ? Les USA n'ont-ils pas un gagne-pain en béton ? Leur dangereuse inconscience ?
Compléments :

2 commentaires:

Phyrezo a dit…

Les USA ont un autre avantage clé: le US$. Celui-ci, même si l'Euro lui challenge sa place, reste la monnaie de réserve internationale et en particulier celle avec laquelle s'échange le pétrole.

Cela permet de financer un déficit commercial de quasiment 7$ par américain et par jour.

Christophe Faurie a dit…

C'est juste. D'ailleurs j'ai vu que ça inquiétait certains économistes : si le dollar n'est plus monnaie de réserve, la situation du pays pourrait brutalement empirer. Ce qui est préoccupant est qu'il semble vivre au jour le jour, d'expédients.