dimanche 7 juin 2015

Communication et changement : l'exemple Sarkozy

Dans ce billet sur communication et changement, on voit Nicolas Sarkozy à l'oeuvre...

La Flexisécurité ? En 2007, il y a unanimité. Il la faut à la France. C’est la raison du chômage bas des pays nordiques. On licencie facilement. Mais le chômage paie bien. Et le licencié est immédiatement pris en main par la collectivité. On met à jour sa formation et on stimule sa recherche d’emploi. Ce n’est que comme cela que la France réduira un chômage éternellement élevé. Sur ces entrefaites Nicolas Sarkozy est élu. Il veut régénérer le pays par un tourbillon de réformes. La résistance au changement sera prise de vitesse !

Master class de communication
Il crée Pole emploi. Fusion des Assedic et de l’ANPE. Voilà qui va prendre vite et bien en main le sort du chômeur. Puis il demande aux partenaires sociaux de réformer la procédure, dysfonctionnelle, de licenciement. Il leur donne peu de temps mais s’engage à légiférer sans altérer leur texte. Il ne leur fixe aucune directive. Il ne leur parle pas de Flexisécurité et de réduction du chômage. Or les syndicats patronaux ou d’employés ont pour mission l’intérêt de leurs adhérents. Et ceux-ci ne sont préoccupés que par les personnels, qualifiés, qui ont un emploi. Pas par les jeunes, les vieux, les chômeurs, ou les travailleurs sans qualification. Alors ils ne changent rien. Ils créent, simplement, une rupture conventionnelle. La séparation se fait s’il y a intérêt partagé. Mais, comme il y a droit au chômage, c’est la possibilité de prendre sa retraite à 57 ans. Licenciement et trois ans de chômage amènent à l’âge de retraite légal, 60 ans. Nicolas Sarkozy, l’homme qui réduit le temps de travail ? Le gouvernement comprend sa bourde. Il décide de vider la loi de sa substance. De la faire passer en omettant le droit au chômage. Mais les députés, que l’on n’a pas cru bon d’informer, identifient l’oubli. Et s’en offusquent. La Flexisécurité est devenue la retraite à 57 ans.

Craignez le déchet toxique ! 
Pierre Cahuc et André Zylberberg, à qui je dois l'analyse précédente, ont étudié scrupuleusement les réformes de Nicolas Sarkozy. A chaque fois, c’est la même chose. Origine : excellente idée, consensuelle. Mise en œuvre désastreuse. Le gouvernement veut prendre les « intérêts spéciaux » de vitesse. Il les met sous pression. Mais ils connaissent bien mieux les dossiers que l’administration. Ils retournent sa tactique contre le gouvernement. Ils le prennent en otage. Ils exigent une rançon. Résultat : ils étendent leurs privilèges. D’où perte de compétitivité et aggravation de la dette du pays. 

S’il fut plus spectaculaire que ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy n’a pas été une exception. Les réformes que la France fait depuis des décennies se terminent comme celle-ci. Si bien que le pays ne cesse de s’enfoncer. Et il en est de même de ses entreprises. Pourquoi ? Peur du « déchet toxique ». Le « déchet toxique », c’est la nature de l’autre. C’est la conviction qu’il ne peut pas comprendre l’intérêt du changement. Il est trop bête. Ou il est l’incarnation du mal. Ou, comme ici, il vaut mieux qu’il ne voie pas mes erreurs. Le changement en France, c’est l’omerta. Nous mentons, nous dissimulons. Mais comment l’autre peut-il réaliser ce que nous désirons s’il ne comprend pas où nous allons ? Et comment faire qu’il ne nous prête pas des intentions que nous n’avons pas, et ne se révolte violemment ? Et, surtout, comment, nous-mêmes, pouvons-nous atteindre notre objectif s’il n’est pas défini ?

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