Le problème de la transformation numérique ? C'est un changement d'ordre 1. Elle cherche à améliorer l'existant, mais non à transformer radicalement la société, c'est à dire à rendre possible ce qui ne l'était pas.
En fait, c'est même un changement d'ordre 0, une destruction. En effet, comme l'explique The Economist, elle joue sur l'inertie de la société. Le temps que la société réagisse, l'entreprise numérique a fait un bénéf. Mais elle le fait au détriment de la durabilité de l'humanité. Le numérique n'apporte rien à l'information ou la publicité, par exemple. Il ne fait que déglinguer ce qui existe sans lui substituer quelque chose d'équivalent voire de mieux. Un de ses principes, par ailleurs, est ne pas payer pour ce qui lui est nécessaire. C'est ainsi que Google ou Amazon cherchent à éviter les impôts. Mais, sans eux, pas de formation de leurs personnels, d'entretien des infrastructures qui leur sont utiles, de justice ou de démocratie... Si l'expertise devait être ubérisée, par exemple, le résultat en serait la destruction de la formation dont a besoin l'expert. Si bien qu'au bout de quelques années, il n'y aurait plus d'experts. En fait, c'est un jeu de dupes. Le principe de notre société est l'intérêt individuel. Dès que l'économie allemande a commencé à se sentir menacée par le numérique, elle a réagi. Les gens du numériques sont, donc, probablement eux-mêmes instrumentalisés pour servir d'autres intérêts. Comme hier la finance, il y a certaines limites qu'on ne leur laisse pas franchir. Malheureusement, pour le moment, il n'y a personne pour défendre l'intérêt collectif, et les faibles, qui sont en grande majorité.
Un changement d'ordre deux consisterait, justement, à renverser l'organisation de la société. A profiter de sa dimension collective et systémique. Pourquoi n'y parvenons-nous pas ? Parce que nos esprits sont prisonniers d'un système dominant, l'individualisme.
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