Dans une courte note, Francis Mer analyse les changements que notre monde a subis, et comment le sortir de ses difficultés présentes. C'est très bien écrit, très simple à comprendre, et quelque peu révolutionnaire. Voilà ce que je retiens :
Le Capitalisme fonctionne à vide
Le naufrage soviétique et le choix du capitalisme par les
Chinois font croire aux Américains que leur idéologie a vaincu. La Chine, par
le faible coût de sa main d’œuvre et la taille de son marché, permet au
capitalisme occidental de rompre l’équilibre établi chez lui. Il transfère la
valeur du producteur vers le propriétaire. D’abord, ce phénomène est masqué par
l’endettement. Il en résulte la domination de l’économie par la finance. A son
tour, elle transforme l’entreprise. Sa seule motivation devient la valeur de
son action. Elle la fait grimper artificiellement en réduisant ses fonds
propres, donc en se fragilisant. Les politiques n’interviennent pas. Ils
craignent de désavantager les entreprises de leurs nations. Mais, lorsque le système craque,
l’Etat doit sauver les coupables en se chargeant de leurs dettes. Les
entreprises sont désormais en mode survie. Elles gèrent à court terme. Elles
n’investissent plus. Ce ne sont plus des entreprises. Du coup, tout le monde
épargne. Et cette épargne ne sert qu’à rembourser les dettes de l’Etat. Le
système est désamorcé, il tourne à vide ! Et cela n’est pas prêt de
s’arrêter. Car la globalisation pérennise cette situation : il y a
pléthore de main d’œuvre bon marché, et le savoir-faire pour l’exploiter. Tout
ceci met en péril le modèle culturel européen. D’autant qu’il est aux prises
avec un déséquilibre jeunes / vieux explosif.
Comment réagir ?
L’Europe a démontré qu’elle était la bonne
dimension pour résoudre les problèmes nationaux. Son intégration doit repartir,
en urgence. Or, il y a, effectivement, des valeurs européennes partagées. Et un
modèle européen. Il faut aussi une remobilisation
entrepreneuriale. Les dirigeants doivent prendre conscience de leurs
responsabilités sociétales. Ils doivent redevenir des entrepreneurs. Et
comprendre qu’il existe un levier de croissance puissant et
totalement insoupçonné : le potentiel humain. De là partira un cercle
vertueux. Pour tout le monde. Mais pour cela, il faut tuer la doxa de
l’actionnaire roi. Il faut un nouveau droit des entreprises. Il doit
donner le rôle qu’il mérite à l’employé. Il doit débarrasser le dirigeant de la
menace de l’activiste. Le dirigeant doit désormais rendre autant des comptes au
capital humain qu’au capital financier. Enfin, la logique du droit social ne
doit plus être de protéger un salarié sans défense, mais de créer les
conditions de son succès et de celui du collectif. La responsabilité du
politique est de faire évoluer la gouvernance des entreprises dans cette
direction. Par ailleurs, pour mobiliser
le potentiel humain, l’organisation hiérarchique doit disparaître au profit
d’une communauté apprenante en réseau. La révolution numérique peut catalyser
cette transformation. Enfin, le monde étant dirigé par le chiffre, il faut une
comptabilité de la connaissance et du capital humain. Ce n’est qu’ainsi que
l’homme ne sera plus gaspillé.
« Quarto Stato » par Giuseppe Pellizza da Volpedo — Associazione Pellizza da Volpedo. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons. |
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