Charles Juliet disait qu'il avait été abandonné par sa mère à un mois. (Le temps des écrivains, France Culture, le 10 août dernier.) Il lui avait fallu une vie pour s'en remettre, et pourtant il a bénéficié d'une famille d'adoption aimante. Quid de l'adoption, justement ? me suis-je demandé. Et des pratiques des nobles, qui faisaient élever leurs enfants par des nourrisses ? Un traumatisme initial peut-il déterminer une vie, ou est-il noyé dans une multitude d'autres faits, qui finissent par lui donner le sens inverse de celui que notre raison simpliste lui prête ? Et être séparé de sa mère est-il un traumatisme ?...
Je me suis alors souvenu de Boris Cyrulnik. Il semble aller dans le sens de Charles Juliet. Effectivement, un choc initial n'est pas fatal. L'homme a plein de branches auxquelles se rattraper, ensuite. Mais cela laisse une fragilité, "congénitale".
Sur ce, j'ai entendu Maurice Godelier, discutant de Claude Levi-Strauss, recommander que les psychologues s'intéressent à l'anthropologie. En effet, les structures sociales, en particulier celles qui concernent les enfants, ne sont pas sans conséquences sur l'homme. Lui aussi semblait approuver Charles Juliet. Notre société aurait-elle une faiblesse du côté des droits de l'enfant ?
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