Un jeune homme m'a dit, un jour : "vous êtes en position haute". J'expliquais mon expérience. Je ne connaissais pas l'expression. Mais j'ai cru comprendre qu'il estimait que j'avais une position dogmatique. J'ai pensé qu'il n'était pas poli de lui faire remarquer qu'il avait adopté l'attitude qu'il me reprochait. Et nous sommes restés bons amis.
"La position haute" est devenue notre position par défaut. Nous sommes des juges, nous détenons la vérité. Cela se voit dans notre façon de poser des questions. Elles induisent les réponses de notre interlocuteur. Par exemple, un journaliste dit : "vous croyez à la théorie du complot ?". Ce qui est désobligeant. Cela signifie d'une part que l'on "croit", donc que l'on n'a pas un esprit critique, et, d'autre part, qu'il y a quelque chose qui s'appelle "théorie du complot" et qui est sans fondements. Ce sont ses préjugés que projette le journaliste. Ce faisant, il affirme qu'il "croit dans la théorie du complot".
Les psychologues appellent cela "framing". C'est une formulation de la question qui induit la réponse qu'on lui donne. Que faire, face à un "framing" ? Analyser la question. 1) Cher Monsieur, j'essaie de ne pas "croire", mais d'avoir un esprit critique, comme tout le monde, probablement. 2) Qu'entendez-vous exactement par "théorie du complot" ?
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