Pour Edgar Morin, l'avenir de l'humanité est sombre, voire désespéré. Y aurait-il une "voie" à emprunter, pour la sauver ? Cette voie, nous dit la théorie de la complexité, doit conduire à une "métamorphose".
Quand je parle d'Edgar Morin à mes amis, des intellectuels sensibles au développement durable, tous prennent une mine embarrassée. Ils ont essayé de lire ses livres, mais ont abandonné. Ce qui est surprenant. Car Edgar Morin écrit simplement. Seulement, il asphyxie le lecteur par une accumulation de faits. Ce qui produit l'abattement.
Pour ma part, je suis arrivé au bout du livre. Il recense les problèmes de l'humanité. Pour chacun, il rappelle, rapidement, tout ce qu'on sait sur le sujet. C'est du niveau de ce qu'on lit dans les journaux. Donc ni surprenant, ni original, ni compliqué. Parfois un peu de recul critique aurait été souhaitable, ai-je pensé. Mais l'accumulation suffoque. D'autant que la théorie de la complexité affirme que tout est lié à tout. Donc par quel bout prendre le problème ?
Pas de solution. Ou plutôt des solutions, partielles, exprimées d'une façon extrêmement directive, voire totalitaire, "il faut...". Aucun gouvernement ne pourrait se permettre de les mettre en oeuvre sans déclencher une révolution ! Il conclut, en substance, que la situation est désespérée, mais que le désespoir produit des miracles.
Et si, pour lui, la voie était qu'il n'y avait pas de voie ?
(Ce qui est le message de l'existentialisme : c'est l'absurde qui produit la métamorphose.)