jeudi 26 avril 2012

Obsolescence programmée, entre péché capital et résurrection

Selon l'article que WIKIPEDIA consacre à ce phénomène, c'est un courtier en immobilier américain qui aurait inventé le concept d'obsolescence programmée pendant la période du NEW DEAL. En 1932, il constate qu'à la suite de la crise de 29, les américains ont changé de comportement en conservant leurs biens acquis plus longtemps que prévu par les statisticiens, ce qui irait à l'encontre de la "loi d'obsolescence".
En 1950, l'idée a fait du chemin et revient en force grâce à la mode comme catalyseur du renouvellement plus rapide des biens.
Puis l'automobile s'en empare dans les années 60 (VW) et l'affaire est bien lancée. De nombreux cas sont cités par WIKIPEDIA, dont celui de DuPont qui modifia sa formule chimique du NYLON afin que ses bas ne soient plus durables et filent à nouveau!
Ce principe est aujourd'hui omniprésent dans l'électroménager et le paroxysme est atteint dans les secteurs de l'informatique.
Le concept a été bien exploité et décliné très habilement avec :
  • l'obsolescence fonctionnelle, lorsqu'une pièce d'un produit ne fonctionne plus il faut remplacer le produit complet;
  • l'obsolescence par péremption dans l'alimentation, la cosmétique la pharmacie et la chimie
  • l'obsolescence indirecte, un produit devient obsolète parce que les produits qui lui sont associés ne sont plus disponibles comme le téléphone et sa batterie;
  • l'obsolescence par notification ici le fabricant conçoit un produit qui signale la nécessité de réparer ou remplacer une partie de l'appareil, exemple l'imprimante et ses cartouches à remplacer avant qu'elles ne soient complètement vide;
  • l'obsolescence par incompatibilité c'est la nouvelle version du logiciel de MS qui demande un ordinateur plus puissant;
  • l'obsolescence esthétique les chaussures les vêtements, la voiture.
L'exemple de l'imprimante programmée pour tomber en panne après un certain nombre d'heures de fonctionnement est l'aboutissement de ce principe discutable voire douteux.

Il influence considérablement notre comportement en jouant sur le ressort de l'avoir qui donne l'illusion d'être. 
Il est inutilement destructeur des ressources naturelles, exploitées et consommées à des niveaux devenus insupportables.
Je n'y connais rien en économie mais, s'il a pu avoir des vertus à l'issue de la crise de 29, lorsque la population mondiale était d'environ 2 milliards et la consommation, d'une population essentiellement rurale, raisonnable, il est aujourd'hui probablement un péché capital au delà des prévisions de LORENZ, lorsqu'il évoquait cette consommation destructrice de valeurs humaines.

Triste constat, mais connaître la cause des maux mène à la guérison.

Il semble que beaucoup de mouvements, de nature variée, cherchent à casser ce système en place depuis peu (40 ans, une bonne génération).
Parmi ceux-ci, le concept CRADEL TO CRADEL (traduction : du berceau au berceau) trace son chemin. Il s'agit d'aborder l'industrie par la voie écologique selon l'auteur de ce concept - Michael BRAUNGART - "c'est un processus qui met en oeuvre à la fois l'analyse chimique des éléments à utiliser et un système social fondé sur la restitution".
L'américain est pour une fois compliqué! Je traduis par la principe de LAVOISIER "rien ne se perd rien ne se créer, tout se transforme"
La démarche est donc de copier les principes inscrits dans la nature depuis des... millions d'années... et notamment le mode de fonctionnement en cycles. Ainsi, en fin d'usage le produit C to C est déjà prévu pour être démantelé en sous produits qui s'inséreront dans la fabrication de nouveaux biens. Un peu comme un corps qui se décompose sous le travail des organismes et micro-organismes spécialisés et dont les molécules s'insèrent ensuite dans les cycles des écosystèmes.
Le mouvement C to C, malgré la complexité du sujet (il faut le reconnaître la nature a mis plusieurs millions d'années pour peaufiner son modèle), intéresse les industries des pays nordiques, leader du sujet, qui vont créer un master. Mais l'Europe du sud reste à la traîne.
En France DIM serait sur un projet de collant... to C.
A quand un institut ou une fondation qui évalueraient les produits selon des critères très C to C et les référenceraient pour que le citoyen averti choisisse avec sa raison et selon des critères globaux, pour participer au changement impérieux  de modèle de consommation?

Pour aller plus loin
  • Article de WIKIPEDIA
  • Prêt à jeter, documentaire, 2010, de Cosina Dannoritzer
  • L'histoire des choses, documentaire, 2007, 



1 commentaire:

Christophe Faurie a dit…

Ce matin, j'ai été frappé d'obsolescence fonctionnelle! J'ai dû changer tout un siphon parce que le rebord du tube plastic qui est à l'intérieur était usé...

A mon avis, l'obsolescence programmée est bien plus ancienne que ce que tu dis. En effet, Alfred Sloan chez GM a inventé la notion de modèle annuel, dans les années 20, si mes souvenirs sont bons. (cf. My years with General Motors).
En outre Tocqueville disait déjà que la force des USA était de couvrir les océans de bateaux mal construits. L'Américain a dû comprendre très tôt les vertus du "quick and dirty" (ni fait ni à faire?).

Génial cette idée de cradel to cradel. Cela me rappelle une théorie d'Herbert Simon (The science of the artificial), qui disait justement que la complexité de la vie ne coûtait pas très cher, puisqu'elle réutilisait des composants existants.