samedi 11 novembre 2017

Je sais tout

Pour un de mes premiers postes, j'ai eu a étudier le "marketing BtoB". Comme c'est un domaine peu connu en France, on m'a demandé de l'enseigner, en entreprise, et en école de commerce. Pour cela, j'ai fait une synthèse de livres de cours marketing (BtoB et BtoC) et d'articles classiques (le texte de mon cours est chez Slideshare). Je l'ai complétée au fur et à mesure de mes expériences, notamment lors de mon passage dans les études de marché. (Mon intérêt pour le changement est venu de là. Je me suis rendu compte que ce qui faisait marcher mes missions n'était pas mon travail sur la stratégie et le marketing, pour lequel me payait mon client, mais celui, sur l'organisation, qui en était la contrepartie.) A cette occasion, j'ai fait pas mal de missions de conseil concernant la communication et sa stratégie.

Quelques années après, alors que j'avais monté mon cabinet de conseil, j'ai pensé que je ne m'appliquais pas ce que je disais aux autres : je les poussais à communiquer, je n'en faisais rien. Je travaillais alors avec un communicant fameux. Il me donne un nom d'un spécialiste de RP. Je rencontre la personne. Elle me demande pourquoi je m'intéresse au changement. C'est un sujet qui n'a pas d'avenir. Si bien que je me retrouve en train de me défendre, sans fin. Puis, pourquoi ?, on en vient aux journalistes qu'elle connaissait. J'avais plus de relations qu'elle. Nous n'avons pas fait affaire.

L'histoire continue. Dix ans plus tard, un ami me demande de l'aide pour quelqu'un qui est en difficulté. C'était la fameuse personne. Elle avait fait faillite. Elle s'était reconvertie dans le changement. Et elle avait besoin d'un éditeur pour le texte qu'elle avait produit sur le sujet. (Je l'ai aidée, et en plus je lui ai payé un repas.) La réalité dépasse la fiction.

Morale de cette histoire ? Il me semble qu'un défaut de l'enseignement français est de nous faire croire que nous sommes des spécialistes de tout. Or nous ne le sommes de rien. Car, être un spécialiste, c'est être un professionnel, c'est avoir passé des décennies à améliorer son art. C'est savoir faire. Et non savoir parler.

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