mercredi 15 novembre 2017

Papous

Les Papous est une émission de France Culture. Je l'écoute depuis 1986. Je pensais qu'elle avait démarré bien avant. Mais wikipedia prétend le contraire. Les Papous ce sont des exercices sur les mots. J'ai besoin d'un bruit de fond. Et celui que me fournit les autres radios ne me va pas. Ce que j'apprécie, de plus en plus, dans cette émission, c'est son calme. On n'y parle pas des malheurs du monde. Et on n'y dénonce personne.

To be or not to be 68
Drôle de mélange. 68 et anti 68. C'est anti 68, parce que tout y est une question de contrainte. Les Papous viennent de l'Oulipo. C'est la contrainte qui rend créatif. C'est aussi anti 68, parce qu'on y parle en alexandrins et en sonnets et que l'on cite Victor Hugo ou Corneilles. La culture de l'école républicaine de mon père est le matériau de l'émission. C'est aussi anti 68 parce qu'on n'y est pas entre normaliens philosophes, détenteurs officiels de la culture. C'est anar, au sens Brassens, ou Canard enchaîné du terme.

Mais c'est aussi 68. On y veille à défendre les femmes, les jeunes et les immigrés. Le noyau dur du groupe est fait de "vieux blancs". Les fameux anars. La nouvelle génération est celle des jeunes femmes. (Pas de jeune homme parmi les recrues.) Mais leur intelligence ne compense pas leur (notre) manque de culture. C'est Eva Almassy qui est le cocktail gagnant. Hongroise qui a fui le colonialisme soviétique, elle a une grande culture et un accent attachant, ce qui est capital quand on parle à la radio. Comme il est dit dans "My fair lady", seule une étrangère peut maîtriser aussi bien une culture. J'aimais la voix de Vassilis Alexakis (Grec). Mais je suis réservé sur le cas de Ricardo Mosner (Argentin). Accent peu compréhensible et humour absurde facile, à mon avis.

Cela en dit long sur la société ? La culture des jeunes est faible : l'émission pourra-t-elle durer encore trente ans ? Surtout, ce qui reste de cette culture est désormais entre les mains de la femme. L'inégalité a changé de camp. Mais aussi, l'émission explique peut-être pourquoi les peuples tendent à haïr les "outsiders". Ces derniers sont meilleurs que les premiers à leurs propres jeux, à leur propre culture. Cela s'explique certainement parce qu'ils en ont une vue extérieure. Ils ne lui sont pas intimement attachés, ils gardent la tête froide. La culture n'est pas un constituant de leur être, elle est un moyen, un véhicule, un jeu ?

(On pourrait dire, aussi, qu'il n'y a pas de minorités chez les Papous : immigrés ou non, on est entre blancs.)

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