lundi 24 mai 2021

Mérite et devoir

On s'interroge aujourd'hui beaucoup sur le "mérite". La critique de "l'élite", qui bat son plein, révèle qu'elle estime qu'elle a du "mérite", pour avoir réussi des études difficiles. En échange de ses mérites, elle a des "droits". Ce que l'on dit moins, mais ce qui est totalement logique, est qu'elle considérait le reste de la population comme "paresseuse". Elle avait donc, tout de même, un devoir, qui était de forcer ces paresseux à se mettre au travail, en leur coupant les aides qui leur permettaient de rester oisifs. (Enquête.) 

La panne de l'économie s'expliquait peut-être ainsi : ces gens ne voulaient pas "traverser la rue" pour aller chercher un travail, dégradant car correspondant à leur mérite réel, jusque-là surestimé par des gouvernements paternalistes. Retour à la réalité, fin de la récréation. Pour l'économiste Thorsten Veblen, les riches étaient la "classe oisive". Pour ces nouveaux riches, la classe oisive était celle des pauvres. 

Il y a eu un temps, que l'on raille aujourd'hui, où "l'homme blanc" avait des "devoirs". Parvenir au sommet de la société (et de l'humanité en ce qui concerne "l'homme blanc") s'accompagnait d'obligations sociales. On parlait aussi de "pauvres méritants". Les électeurs de M.Trump ont préféré cette élite ancienne à la nouvelle. 

Comme quoi le conditionnement social joue un rôle énorme dans notre façon de voir le monde. Ce qui est d'autant plus paradoxal que l'on a vécu un demi siècle d'individualisme effréné, durant lequel on a nié l'existence même de la société !

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