mercredi 24 avril 2013

Et s'il n'y avait pas de crise ?

Et si la crise, c'était nous ? Une métaphore, pour me faire comprendre. Nous étions au bord de la mer. La marée est montée. Nous n’avons plus pied. Mais nous nous entêtons à vouloir marcher. Nous buvons la tasse. Crise. Il faut nous mettre à nager. Peut-être même, simplement, nous laisser porter par le courant.

Traduction : en 30 ans notre monde a changé radicalement, mais pas nous. Internet et la téléphonie mobile remplacent le lien social par un ersatz, et recodent le cerveau. Des milliards de gens sont entrés brutalement dans le moule occidental. Et ce modèle a été sauvagement transformé. Le consensus d’après guerre selon lequel l’Etat protégeait l’homme du marché et assurait le bien collectif est mort. Avec lui, le modèle français de planification centralisée et de gestion de l’économie par des fonctionnaires. La déréglementation est générale, les systèmes sociaux sont démantelés et, surtout, ne couvrent plus qu’une partie de la population. L’ascenseur social a vécu. L’individualisme a vaincu. L’homme (individu) n’a plus que des droits. Et ses désirs n’ont rien à voir avec ceux de ses parents. Qu’attendre du couple ?, par exemple. Le bling bling n’est plus ni durable, ni séduisant : le progrès technologique, promesse du bonheur éternel pour nos anciens, nous inquiète. La liste est interminable.

Mais qu’avons nous fait pour nous adapter ? Voire nous métamorphoser ? Rien. Et si c’était pourquoi il y avait crise ? Et si, donc, nous, individus, étions le problème de la France ?

(On notera au passage que c'est ainsi que Schumpeter voyait les crises. Je le traduis ici, pour ceux qui aimeraient le citer en l'ayant lu.)

2 commentaires:

pratclif a dit…

Nous les individus qui formons la société, changeons. Ceux qui ne changent pas sont nos "élites" formées sur des modèles anciens et constituant des corps sociaux restreints qui veulent imposer leur vision et leur mode d'organisation. Ils sont en retard sur l'ordre naturel que constitue la société des individus groupés en familles en entreprises qui agissent en permanence par leurs échanges pour satisfaire des besoins, répondre à des manques et à des insatisfactions. La société au sens large évolue sans cesse.

Christophe Faurie a dit…

C'est ce que je pense aussi!
Mais je m'interroge. Et s'il y avait une raison au décalage des élites ? Si l'élite subissait les conséquences de ce qu'elle veut pour nous, elle préférerait le statu quo. Il n'y aurait peut-être plus de changement ! (De même que le principe de l'armée veut que le général ne soit pas aussi exposé que le soldat.) Je réalise qu'il y a d'ailleurs beauooup de textes scientifiques sur le sujet.
En tout cas, cela fait apparaître les promoteurs du changement comme étant massivement hypocrites.
Pour ma part, mon travail vise à éliminer l'hypocrisie du changement. C'est-à-dire à essayer, dans la mesure du possible, d'en maîtriser les conséquences, et, en ce qui concerne les aléas résiduels, de faire que l'organisation, dans son ensemble, soit préparée à y répondre, et à les assumer. (C'est probablement ce qu'Hannah Arendt, que je cite dans un billet précédent, appelle "la promesse", i.e. un contrat qui rend solidaires ceux qui participent à une action.)