lundi 15 avril 2013

Le marché a tué notre intelligence

Cette semaine The Economist parle de Margaret Thatcher, « combattante de la liberté ». Mais le Thatcherisme n’a plus rien à voir avec Mme Thatcher. Elle croyait simplement en « la supériorité de l’entreprise privée sur la propriété publique », ses partisans modernes ont transformé ses idées en un mélange d’ « euroscepticisme, de xénophobie, d’amour aveugle des USA, et de méfiance instinctive vis-à-vis de la réglementation, quelle qu’elle soit ». Le plus curieux, je crois, c’est que l’on accorde autant d’importance à Mme Thatcher. Car, ce n’est pas elle qui a fait le printemps libéral. Elle est le fruit d’un changement social. La société occidentale a décidé, en 68 ?, de rejeter le modèle qu’elle avait adopté après guerre. Elle s’est donné les hommes politiques qui allaient avec son nouveau programme.

Curieusement aussi, personne ne semble voir que l'héritage de Mme Thatcher est devant nos yeux. C'est le chaos. Ce qui me frappe en particulier est à quel point le monde est paumé. Le tout marché a balayé toute autre pensée. On ne sait plus par quel bout prendre la crise. En Europe, Mme Merkel est maintenant « en marche arrière ». Elle ne veut plus des mesures de renforcement de l’Europe que jusque-là elle poussait. La Slovénie pourrait suivre Chypre dans la faillite. « Durant des années les banquiers ont prêté de grosses sommes à leurs amis, beaucoup ses sont servis de cet argent pour les entreprises qu’ils dirigeaient, utilisant leurs actifs comme garantie. » Les entreprises sont en faillite, les banques aussi. (Et s'il était temps de se demander pourquoi des pays aussi fragiles sont entrés dans l'UE ?) Et le Portugal, meilleur élève de la rigueur, s’enfonce. Son peuple s’impatiente. Si Mme Merkel ne lâche pas de mou, le pire est à craindre. « Si la croissance ne repart pas, il pourrait arriver qu’un pays décide, comme à l’époque de l’étalon or dans les années 30, que la souffrance des ajustements est pire que le risque de sortir. » Comme souvent lorsque l’on est perdu, on en arrive à des gestes désespérés, ou à réutiliser ce qui a échoué. Au Japon un gouvernement de machos veut relancer l’inflation. Remède de cheval : usage massif de la planche à billets. Personne ne sait ce que ça peut donner. Et si l’inflation faisait exploser le prix de la dette d’un pays surendetté ? Dans la série apprentis sorciers, le Bitcoin. Les informaticiens expérimentent des formes de monnaies électroniques. C’est mondial, et il  n’y a aucune réglementation. Quant à l’Angleterre, elle est incapable de maîtriser ses achats d’armement. Comme aux meilleures heures du Thatchérisme, elle a décidé de les confier au secteur privé. Probablement à une entreprise américaine. The Economist doute qu’il soit plus facile de contrôler une entreprise privée que le secteur public. Et que la mesure soit dans l’intérêt du pays. Je suis d’accord.

Ailleurs dans le monde, M.Obama essaie de détacher les quelques Républicains dont il a besoin pour voter ses lois. Et ceux-ci commencent à découvrir qu’ils ont intérêt à transiger. S’ils demeurent les représentants des blancs, les lois de la démographie vont les rayer de la carte. La CIA reverrait sa mission. Après le 11 septembre, elle a eu à nouveau le droit de tuer. Elle a d’abord eu recours au privé, pour torturer sans procès. Mais M.Obama a mis un terme à ses pratiques. Ce qui l’a forcée à passer à l’élimination sommaire par drone. Du coup, elle n’a plus le temps d’espionner. Ce qui a conduit les USA a être surpris par les derniers développements géopolitiques. Elle devrait donc laisser les meurtres à l’armée et en revenir à son métier d’origine. Au Venezuela, M.Chavez serait remplacé par un naze et une clique inquiétante.

Psychologie de crise, pour finir. Une étude montre que : « un stress quotidien, apparemment trivial, à long terme fait des ravages dans la santé mentale ». Autre héritage du Thatchérisme ?

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