dimanche 30 juin 2019

Martin Eden

Semi biographie de Jack London. Un marin de vingt ans, mauvais garçon sans éducation, à l'esprit en jachère, rencontre par hasard une famille d'intellectuels. Déclic. Il tombe amoureux de l'ange de la maison. Et, surtout, il entr'aperçoit les merveilles de l'instruction. Il lit comme un fou. Il ne dort plus. En très peu de temps, il devient un intellectuel, capable d'en remontrer aux meilleurs intellectuels. Il veut être écrivain. Mais on refuse ses textes. Il crève de faim. L'ange tombe sous le charme de sa vitalité et de sa virilité, mais, comme tous ceux qui le connaissent, aimerait qu'il trouve un emploi honnête. Personne ne comprend sa vocation, son talent. Il persévère, perd l'ange, et, soudainement, devient célèbre et extraordinairement riche. On s'arrache les oeuvres dont personne ne voulait ! Du jour au lendemain, il n'a plus que des amis et des admirateurs. Comment expliquer se revirement ? N'est-il pas toujours le même ? L'existence n'a plus de sens pour lui. Le monde des idées qu'il a tant désiré est factice. La vie réelle, et l'amour, c'est le peuple, qu'il a quitté, et qu'il ne pourra jamais plus retrouver. Le ressort est cassé, il n'a plus goût à la vie.

Grand roman ? Ce livre est, en premier lieu, une description fascinante de l'Américain. L'autodidacte qui entrevoit l'absolu, et découvre son talent, et qui le développe rationnellement, avec une méthode et une détermination implacables. Jusqu'à connaître la fortune et la gloire. L'homme porté par un élan vital irrésistible, persuadé qu'il est invincible, indestructible, qu'il peut tout se permettre, ne pas dormir, manger n'importe quoi, faire tous les sacrifices... Qui prend comme des évidences le darwinisme social et au surhomme de Nietzsche.
Mais, alors, est-ce le sort de tout Américain qui réussit ?, il a atteint de telles hauteurs, qu'il se retrouve seul, au milieu du désert. Il courrait après une chimère. Il n'est qu'une ombre.