lundi 17 juin 2019

Michel Serres

Hervé Kabla se demandait qui était Michel Serres... France Culture annonçant une rediffusion d'une série d'interviews de ce philosophe, j'ai tendu l'oreille.

Qu'ai-je retenu ? Que Michel Serres a estimé que les philosophes de son temps (les années 50) se trompaient. Ils s'engageaient dans la politique, alors que le réel changement était le progrès technologique. Il fallait comprendre ce que celui-ci nous réservait. Mais, pour cela, il fallait une double culture, que n'avait pas ses collègues : scientifique et philosophique.

Michel Serres semble faire jouer un rôle majeur à l'étymologie et à l'anecdote, fantaisistes ?, dans ses "raisonnements". Par exemple, je l'ai entendu dire que les gouvernants du monde se sont opposés au téléphone, parce que c'aurait été le moyen pour leurs femmes de communiquer avec leurs amants... Il a aussi utilisé Robin des Bois pour expliquer qu'Internet était comme Sherwood. Une loi, qui lui était propre, allait émerger d'une zone de non droit. Démonstration : Robin des Bois, c'est la "robe" du magistrat et le bois ! Seulement, en anglais, on ne dit pas Robin Wood, mais Robin Hood, et Hood, cela signifie "chaperon", comme dans Red Riding Hood (petit chaperon rouge) ou capuchon. Quant à Robin, il pourrait venir de Robert. (L'étymologie de Robert est "gloire" et "brillant".) Un "Robin Hood" peut avoir été un terme générique pour désigner un mauvais garçon. Le justicier aurait émergé de ballades relativement récentes. (Mes références viennent du wikipedia anglais.)

Ses propos m'ont fait penser à ceux de Joël de Rosnay. Je l'ai rencontré à l'époque de la Bulle Internet. J'en avais gardé l'image d'un vulgarisateur. J'ai découvert que son métier consistait à présenter les idées reçues comme s'il les avait inventées. Il était alors dans une position un peu ridicule : devant un parterre de dirigeants de start up, il était, de loin, celui qui connaissait le moins bien le sujet dont il parlait. Michel Serres aurait-il été, aussi, un vulgarisateur d'idées reçues, mal digérées ?

Histoire d'un changement ? Une masse de gens a accès à une formation supérieure, il n'est plus possible à "l'intellectuel" de dire ce qui lui passe par la tête ? L'intellectuel doit s'engager, certes, mais dans une recherche originale ?