"L'école actuellement surtout pour l'adolescence n'apporte pas le viatique bien faisant pour l'aventure de la vie de chacun. Elle n'apporte pas les défenses pour affronter les incertitudes de l'existence, elle n'apporte pas les défenses contre les erreurs, l'illusion, l'aveuglement. Elle n'apporte pas (...) les moyens qui permettent de se connaitre et de comprendre autrui. Elle n'apporte pas la préoccupation, l'interrogation, la réflexion sur la bonne vie ou le bien vivre. Elle n'enseigne que très lacunairement à vivre, défaillante en cela à ce qui devrait être sa mission essentielle."Traité anti Education nationale ? Crise de civilisation. Il faut la régénérer. Pour cela il lui faut une "méthode pour conduire son esprit". Car la façon de penser que l'on nous enseigne est nuisible.
Ce qui compte c'est désirer comprendre, et connaître. Vouloir comprendre, c'est refuser que l'autre soit incompréhensible (donc irrémédiablement différent), tout en sachant qu'une compréhension totale est impossible. Connaître, c'est prendre conscience des failles de notre mécanisme de connaissance, et les intégrer dans notre raisonnement. En particulier, la connaissance est multiple, anti spécialisation ; connaître, c'est relier le multiple.
Dans ce dispositif, le maître d'école devient "chef d'orchestre de l'organisation de la connaissance". L'étudiant cherche de l'information, le maître l'encourage et l'aide à prendre conscience de la tâche à accomplir.
Condition nécessaire au succès : "l'éros" de l'un et de l'autre : une "passion créatrice", qui est une "vocation".
Cet enseignement doit, en particulier, fonder une "éthique du genre humain". "La condition humaine (...) est à la fois individu-société-espèce". Ce qui signifie contrôle mutuel de ces trois composants. Il doit aussi faire réfléchir à ce qu'est l'identité de la France, qu'Edgar Morin voit comme une "francisation", l'adhésion à un projet commun fondé sur l'universalisme et la liberté.