jeudi 27 juin 2019

Intelligence artificielle : fin de bulle ?

Intelligence artficielle : on retombe sur terre ? me suis-je demandé. J'étais invité à un "symposium" Intelligence artificielle et relation client. Finie l'intelligence artificielle plus intelligente que l'intelligence humaine, l'obsolescence humaine programmée. Un discours sobre sur les limites de l'IA. "Démystification de l'intelligence artificielle", ai-je entendu.
  • J'ai écouté Luc Julia (descendant de l'inventeur des fractals, créateur de Siri et auteur de "L'intelligence artificielle n'existe pas"), Arnaud Laroche (EY), Patrice Slupowski (Orange), Harley Davis (IBM). Tous semblaient d'accord. 
  • Une IA pas très révolutionnaire. Le renouveau de l'IA s'explique par le fait qu'il y a de la matière à analyser (désormais beaucoup de choses sont numérisées), par la puissance du cloud, et la démocratisation d'algorithmes mathématiques sophistiqués. Pour le reste, pas d'avancée. 
  • Les outils d'analyse statistique classiques continuent à se tailler la part du lion en "machine learning". Le deep learning, les algorithmes neuronaux, concernent très peu d'applications. 
  • Les données posent de très curieux problèmes. Sans qu'on le sache, les données qui nourrissent la machine peuvent avoir des biais, par exemple révéler que la culture de votre entreprise est sexiste ou raciste. Ce qui rend votre IA sexiste et raciste. 
  • L'IA ne peut pas remplacer l'homme. L'IA a les vertus de la machine. Déjà la calculatrice de Pascal allait plus vite que l'homme. Mais, là où l'homme est fort, la machine est faible, voire inexistante. En particulier en ce qui concerne l'innovation. D'ailleurs, à tâche comparable, elle dépense vingt mille fois plus d'énergie qu'un cerveau humain. Si l'on voulait faire effectuer par l'IA toutes les tâches humaines, il n'y aurait pas assez d'énergie sur terre. Aussi, il faut cent mille photos de chats pour qu'une machine reconnaisse un chat, presque à tous les coups, alors que deux chats suffisent à un enfant... La voiture totalement autonome n'existera jamais. 
  • La confiance est une question critique. L'IA fait peur. Parce qu'elle menace l'emploi (apparemment crainte infondée), mais aussi du fait de ses biais (crainte justifiée). 
  • D'une manière générale, j'ai l'impression que tous les cabinets de conseil proposent désormais des démarches structurées pour mettre en oeuvre un projet d'IA.
  • 60% des entreprises en sont à l'expérimentation ; 30% l'utilisent en production, pour une application ; 4% en font un usage plus généralisé. (Eventuels gains pas connus.)
  • Bref, l'IA et l'homme ne sont pas en concurrence. Il faut apprendre à placer chacun sur ses forces. 
  • Finalement, le tiédissement de l'IA pourrait être une mauvaise nouvelle pour la France. En effet, le talent de nos mathématiciens serait reconnu. Les patrons techniques des plus grandes entreprises de la Silicon Valley seraient français et les entreprises étrangères installeraient des centres de recherche chez nous. Par ailleurs, l'Etat aurait parié sur l'IA (fonds de 400m€), et il serait désormais facile en France de lancer une start up.