mardi 5 avril 2022

Descartes et le totalitarisme numérique

L'historien Marc Bloch disait qu'il n'y a pas d'histoire sans homme : l'historien laisse sa marque sur l'histoire qu'il raconte. Ce qui influence notre façon de comprendre notre passé. 

Paul Valéry a appliqué cette même idée à Descartes. Descartes a mis la géométrie en chiffres. Il a cru qu'il avait trouvé le Graal de la vérité : le chiffre, justement. Et il a vaincu. Aujourd'hui, il n'y a que ce qui est chiffré, "digital", qui est sérieux. 

Or, l'est-ce vraiment ? J'entendais une émission de la BBC, qui s'interrogeait sur notre perception du temps. Elle est en total désaccord avec celui des horloges. Par exemple, pour un enfant, les vacances sont interminables, alors que l'adulte ne les voit pas passer. Dans les moments de danger, il semble s'arrêter, dans celles de bonheur, il fuit... Les tentatives d'explication faites par les interviewés de l'émission furent nombreuses. Par exemple, il se pourrait que notre expérience du temps ne soit qu'un souvenir, et qu'elle reflète la quantité d'effort que nous avons mise dans l'action. 

Il en est de même de la température. Elle ne traduit que très imparfaitement les notions de chaud et de froid, qui, d'ailleurs, sont éminemment variables pour un même individu. 

Et si ce qui était chiffrable était, exactement, ce qui ne compte pas, ce qui n'est pas humain ? Et si, par exemple, le bonheur n'était pas une question de durée de vie ? Cela changerait beaucoup notre existence. Car elle est entre les mains des fous du chiffre. 

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