vendredi 5 septembre 2008

Et si le Web 2.0 était utile ?

J’organise le Club Télécom de l’Association Insead, je passe mon temps avec des cabinets de conseil en Systèmes d’information, et des « start up »… Et pourtant le Web 2.0 m’a laissé froid. Pourquoi ?
  • J’ai vécu la bulle Internet, et le Web 2.0 semble la matérialisation des rêves de l’époque. D’ailleurs beaucoup de leaders du Web 2.0 sont issus (le plus grand des hasards leur a évité le dépôt de bilan) de cette période. Et, en plus de vingt ans, j’ai vu tellement de modes !
  • J’interprète aussi le Web 2.0 comme la découverte par l’individualisme occidental (dont les représentants les plus purs sont l’ingénieur et l’informaticien) que l’homme est un animal social. Une vérité vieille de quelques millions d’années ! Pas que quoi s’ébahir. D’ailleurs, cette découverte a eu des étapes antérieures, qui s’ignorent toutes : la systémique d’après guerre, la théorie de la complexité de l’Institut de Santa Fé, etc.
En fait, le Web 2.0 est une bonne nouvelle :
  • Ses applications sont généralement très bon marché, souvent gratuites (cf. les blogs). Et elles permettent à nos entreprises tayloriennes, rigides et inefficaces (car constituées d’individus - robots) d’exploiter une partie des capacités des « réseaux sociaux ». Or la société a des propriétés infiniment, inconcevablement, supérieures à tout ce que peut inventer l’homme.
  • Ces applications créent des communautés (parfois internationales, parfois de personnes qui ne se connaissent pas). On y échange des idées, des projets, des expériences... Et vous voyez apparaître des marchés, des systèmes d’exploitation, des encyclopédies... des innovations. Et, surtout, des innovations qui se renouvellent, qui vivent.

Sur le même sujet :

  • J’en profite pour parler d’une technique de conduite du changement. Si vous voulez faire évoluer une organisation, pas question d’aller contre ses croyances. Il faut, au contraire, chercher ce qui promeut le changement parmi celles-ci. En quelque sorte le traduire dans son langage. Application : les sciences humaines ont tenté de nous montrer que les groupes humains étaient dirigés par des forces qui leur étaient propres. L’ingénieur s’est gaussé, il savait que l'individu était libre, qu'il dictait sa volonté aux éléments. Le Web 2.0 a pris l’ingénieur par ses équations, la seule chose qu’il comprenait encore, et lui a montré l’existence d’un concept mystérieux appelé « société ». Comble du succès, l’ingénieur pense que ses équations l’ont inventé (et il envisage de le breveter).
  • Sur les blogs et la construction de communauté : Réussir son blog.

4 commentaires:

Phyrezo a dit…

Il me semble qu'il serait dommage et risqué de ne pas se rendre compte de l'impact sociétale que peut avoir les TIC actuelles sur la société et plus particulièrement l'organisation d'entreprise, ce qu'on appelle communément l'Entreprise 2.0.

L'invention de l'imprimerie à aussi suscité une "mode"

Christophe Faurie a dit…

Certainement. Le problème est de ne pas avoir raison avant de savoir faire. Ce qui a été le cas de la Bulle Internet. Toute innovation semble susciter une anticipation exagérée.
Par exemple, lorsque Blériot a traversé la Manche, les commentateurs ont dessiné une image saisissante du futur de l'aviation. Avec 50 ans d'avance !

Herve a dit…

Pour moi, le web 2.0, c'est la revanche des utilisateurs sur les technophiles. Le web version 2000, c'etait un truc de technologues, difficile a utiliser. Une fois les sciences humaines passées par la, les developpeurs ont arrete de faire de la techno pour la techno, et ont commence a viser l'utilité. ca change tout.

Christophe Faurie a dit…

C'est effectivement mon sentiment. Mais c'est trop beau pour être vrai... Non?