Pendant très longtemps le parti radical a dirigé et s’est identifié à la France. Quelques-uns des thèmes qui marquaient sa pensée :
- Individu. Le radicalisme veut « le libre essor de l’individu », son épanouissement.
- Peuple. Le radicalisme idéalise le peuple, la « souveraineté populaire ». La manifestation de la volonté du peuple est le suffrage universel.
- Nation. Le radical est amoureux de la nation, émanation du peuple. Chaque nation a un génie propre. Celui de la France est à l’image de sa géographie, diverse et équilibrée, et de sa ruralité constitutive. Il a la caractéristique particulière de « clarifier la pensée des autres nations ».
- Association. Les hommes choisissent librement de constituer une société. L’association est l’organisation sociale par excellence (pas l’entreprise, qui repose sur un contrat déséquilibré, imposé).
- Éducation. L’éducation tient une « place centrale » dans le programme radical. Dont un des grands combats sera sa démocratisation. C’est le « premier devoir de l’État ». C’est elle qui doit réaliser « l’épanouissement de l’individu », surtout, « son ascension proportionnée à ses mérites ».
- Révolution. Le radicalisme est l’héritier de la révolution de 89 et des Lumières.
- Raison, science et progrès. Le radicalisme se veut « l’extension à la politique de la philosophie rationaliste ». Il pense que la science et la raison montrent à l’homme la voie du progrès de l’humanité. La science est le fondement d’une morale qui n’a plus besoin de la religion.
- État. Le radicalisme veut le gouvernement du peuple par le peuple. L’État doit faire régner la volonté générale contre l’intérêt privé. Il doit assurer la justice contre le laisser faire, en particulier nationaliser les monopoles (notamment les chemins de fer et les assurances). Mais le radicalisme se méfie des excès de l’autorité. Il se veut un contre-pouvoir, « institutionnaliser la révolte ».
- Propriété privée. Le radicalisme défend la propriété privée « garante de l’autonomie individuelle ». Mais il la voit comme une étape de l’histoire humaine.
- Assurance. L’homme doit être assuré contre les aléas de la vie, la nature même de la société est de lui fournir cette assurance.
- Salariat. Le radical veut supprimer le salariat, résultat d’un contrat déséquilibré, il veut le remplacer par l’association.
- Impôt progressif. Pour pouvoir financer le système d’assurances dont a besoin l’homme, et l’État, il faut un impôt. Cet impôt doit être progressif pour « corriger les inégalités ».
- Église. Le parti radical s’est longtemps défini par rapport à son hostilité à l’Église, dont les valeurs sont « diamétralement opposées » aux siennes.
- Colonialisme. Les radicaux conçoivent le colonialisme comme un messianisme, selon un thème central à leur pensée, celui qui sait doit enseigner à celui qui ne sait pas.
- Haine. « Parti qui s’oppose à la haine », en particulier, il ne peut comprendre la lutte des classes socialiste. Il pense que les luttes entre partis sont fécondes. Il croit à la « franchise et à la liberté d’expression ».
- Harmonie, paix et conservatisme. Le radicalisme est un mouvement pacifiste, qui cherche une amélioration continue et progressive, qui ne veut ni guerre ni révolution, et qui craint plus que tout les guerres fratricides.
- Parti. Le parti radical s’identifie à la démocratie républicaine, et à la nation. C’est à la fois un parti assez lâche et qui « encadre la nation » par ses organisations locales solidement enracinées dans les « intérêts locaux ».
Commentaires :
Ce qui est étonnant dans cette description c’est à quel point elle colle aux aspirations de la France d’aujourd’hui, et à quel point certaines idées radicales sont révolutionnaires (l’appel à la haine est le point commun de nos partis politiques).
Pourquoi le radicalisme a-t-il disparu ? La raison et le progrès ont fait long feu ? Le positivisme n’a été qu’une illusion ? La nation n’a pas donné ce que l’on en attendait ? Peut-être aussi que le radicalisme a été victime de ses succès : il a gagné tous ses combats, il ne pouvait plus être que conservateur, médiocre ? Ce que dit Camus des radicaux :
Ces hommes, petits dans leurs vertus comme dans leurs vices, graves dans leurs propos, mais légers dans leurs actions, satisfaits d’eux-mêmes mais mécontents des autres, non décidément nous ne voulons pas les revoir.