Vincent Giolito me disait avoir été frappé, dans son début de carrière de journaliste, par ses rencontres d’entrepreneurs qui avaient transformé leurs passions en métier, comme ce pilote d’hélicoptère qui vendait des photos aériennes des propriétés qu’il survolait.
Je me demande s’il n’y a pas là un cas général : d’abord il y a la passion, puis on essaie de lui trouver une rentabilité. Parmi les entrepreneurs que je connais, tous suivent ce schéma. Une exception peut-être est celle des avocats, ou publicitaires, des professions dans lesquelles la formation initiale tend naturellement à pousser à l’indépendance. Mais ce sont quand même des professions que l’on choisit.
Ce modèle donne une entreprise très efficace, parce qu’elle est construite autour des compétences uniques d’un homme. Mais, pour la même raison, elle a du mal à grossir.
Si le cas est général, c'est un général français, cependant. Les entrepreneurs américains que je connais, eux, ont pour motivation première de gagner le plus d’argent possible. Pour ce faire, ils choisissent celui de leurs talents qui est le plus efficace, même s’il n’est pas leur préféré.
Par exemple, les fondateurs d’Aprimo, des anciens d’IBM, ont cherché la dernière fonction de l’entreprise qui n’avait pas son ERP. Je ne suis pas sûr qu’ils aient eu une tendresse particulière pour les ERP. De même William Johnston voulait faire fortune, il s’est demandé le moyen le plus efficace pour cela, compte tenu de ce qu’il savait faire. Résultat : vendre de l’immobilier. Il a alors décidé d’apprendre son nouveau métier.
Ce modèle là privilégie l’efficacité économique . L’entreprise ainsi constituée n’ayant pas un très gros avantage concurrentiel doit le trouver dans sa taille : elle doit arriver le plus vite possible à un quasi monopole ?
Explication de l'hostilité de l'Américain à l’impôt : son plaisir quasiment unique est de gagner de l’argent, pas d’exercer son métier - qui lui est peut-être même désagréable ?
2 commentaires:
Intéressante analyse. Peut-etre oublies tu le cas de l'inventeur, celui qui crée une entreprise non par passion pour un domaine, mais simplement pour établir une rupture par rapport au passé. Je crois que Marcel Dassault ou Steve Jobs s'inscrivent dans cette logique.
J'ai quand même l'impression que l'inventeur a envie de faire quelque chose.
Pour Marcel Dassault (dont je cite la biographie dans ce blog), je crois qu'il avait la passion des avions, et qu'il a développé son entreprise dans une logique française. Il aurait probablement pu gagner beaucoup plus ailleurs.
Pour Steve Jobs, je ne sais pas trop. Je ne le vois pas comme un inventeur, d'ailleurs, mais plutôt comme un innovateur: il utilise plus intelligemment que les autres des ingrédients qu'ils ont.
Dans tous les cas, je ne pense pas avoir trouvé une loi de la nature, c'était juste une idée qui m'a traversé la tête.
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