La réforme de l’université est un contre exemple encore plus intéressant que le dit Changement et université :
On y voit plus clairement que dans un changement ordinaire les raisons de son échec. Peut-on une minute penser que des politiciens qui ont passé leur vie à courtiser l’électorat aient quelque chose à enseigner à des universitaires qui ont passé la leur à apprendre et à découvrir, et qui ont d’ailleurs été sélectionnés pour la qualité exceptionnelle de leur intellect ? Drame du changement imposé par un dirigeant de droit divin : c’est l’ignorant qui dicte sa conduite à celui qui sait.
Le gouvernant, comme le dirigeant, doit comprendre qu’un changement ne se fait pas en donnant des leçons à ceux qui sont plus compétents que lui. Son rôle est de faire ce pour quoi il a été nommé : résoudre des problèmes organisationnels insolubles, par définition, par les individus qui composent l’organisation.
La première chose à faire est une synthèse de ce qui ne va pas. D’après ce que j’ai lu, tout le monde est d’accord sur ce point là. Ce qui bloque c’est la mise en œuvre. Normal : personne, et surtout pas le gouvernement, n’a assez d’informations pour la concevoir. Ces informations sont détenues par une myriade de personnes : écosystème de l’université mais aussi acteurs sans lesquels l’université est inutile : élèves, employeurs, citoyens, etc. en quelque sorte ses clients et ses fournisseurs, son « environnement concurrentiel » comme dirait Porter.
C’est en extrayant de cet ensemble quelques représentants « hommes clés » et en les faisant produire un plan de mise en œuvre dont ils seront responsables que l’on a quelques chances d’être efficace.
Le rôle du gouvernement est ici : identifier la question à résoudre, et proposer une méthode et l’animation qui va avec. Elles permettront à la nation (plus exactement à ceux qui sont là pour ça) de trouver la solution qui lui convient.
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