La presse anglo-saxonne découvre le rôle de la culture dans le changement.
- Cutting back is hard examine le comportement bizarre du banquier :
- Il penserait que son salaire lui est dû quel que soit l’état des affaires de son entreprise. Justification ? Son diplôme, il possède une licence d’une université prestigieuse. J’observe un glissement de l’idéal américain, de l’entrepreneur au bureaucrate (dont le succès dépend plus de sa fortune que de son talent ?).
- La dernière flambée des résultats des banques (comptabilité créative, selon moi) aurait été motivée par le nécessaire maintien des bonus = motivations. Ce qui confirmerait mon intuition qu’il s’agit d’une amélioration sans lendemain.
- Pour Pierre Bourdieu, Tim Geithner, and Cultural Capital, l’administration américaine est issue de et partage les valeurs du monde qu’elle doit réformer. Qu’il puisse changer est inimaginable pour elle. Sur Tim Geithner :
he has internalized a worldview in which Wall Street is the central pillar of the American economy, the health of the economy depends on the health of a few major Wall Street banks, the importance of those banks justifies virtually any measures to protect them in their current form, large taxpayer subsidies to banks (and to bankers) are a necessary cost of those measures - and anyone who doesn’t understand these principles is a simple populist who just doesn’t understand the way the world really works.
Notre culture est ultralibérale
Il est de bon ton de dénoncer les méfaits de « l’ultralibéralisme ». Mais il y a peu de chances que rien de neuf n’émerge avant longtemps, tout simplement parce que l’ultralibéralisme a semblé avoir fait la démonstration de son efficacité pendant trois décennies, et que les dirigeants mondiaux sont donc issus d’une école ultralibérale. Ainsi Avoir soutenu la guerre en Irak, une voie d’avenir en Europe explique que les postes principaux de l’Europe de demain seront occupés par des pro-Bush (Blair, pour la présidence, Barroso, présidence de la commission, Rasmussen, OTAN) ; L'Etat français, dernier refuge de la "culture du résultat", par Michel Feher, rappelle que si le discours de Nicolas Sarkozy parle du « retour à l’Etat », ses actes sont classiques des convictions ultralibérales. C’est comme cela qu'il faut interpréter l’étonnant silence idéologique des partis d’opposition : ils ne sont pas « d’opposition » ?
Difficulté du changement : renoncer à ce à quoi l’on croit
Et maintenant cours de changement.
- Problème qui se pose à toute conduite du changement : si le changement est aussi difficile, partout, c’est que ce qui doit changer est au plus profond de ce à quoi croient gouvernants et dirigeants. Plus la culture a vécu un long succès, plus elle demande de temps pour se transformer. Il a fallu plusieurs siècles à la Chine pour secouer ses certitudes, et elle n’est pas au bout du chemin (Chine et Occident : dialogue de sourds).
- Les paroles, qui sont dirigées par une sorte d’adhésion à « l’opinion publique », contredisent les actes, qui sont dirigés par l’inconscient (un aperçu de la théorie d’Edgar Schein : Changement en Amérique (suite) et Nous sommes tous des hypocrites !).
- Paradoxe : le dirigeant, dont l’incapacité à changer cause les difficultés de son organisation, les explique par la « résistance au changement » de celle-ci.
Voici une raison pour laquelle la crise pourrait durer longtemps : nos dirigeants (et la société dans son ensemble, probablement aussi) s’accrochent à un mode de pensée obsolète. C’est ainsi que le gouvernement américain déploie des trésors d’ingéniosité pour ne rien changer à son système financier (Chronique d’une crise annoncée).
Le renouvellement de ce socle de pensées prendra sûrement des années. Une génération ?
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