Ce blog est quelque peu dubitatif quant à la personnalité de Barak Obama. Mais dernièrement son opinion vacillait. Ne méritait-il pas de l’estime pour sa réforme du système de santé ? Après tout c’est un des systèmes les plus inégalitaires au monde, et ceux qui ont tenté de l’améliorer ont été mis en déroute (Clinton en 94). Lui semble réussir.
La faillite de ce système est étrange. Tout d’abord c’est un des rares qui ne propose pas de couverture universelle. 47m de personnes n’étaient pas assurées en 2007, avant la crise. Or, il est extrêmement inefficace. Il coûte, en moyenne par personne, 60% de plus que le système français (90%, si l’on se ramène à la population assurée). Curieusement, le budget de l’état qui lui est consacré (45% du coût total), toujours par personne, est sensiblement égal à celui de la France (80%).
Je n’ai pas regardé de près la question, mais elle ressemble à une observation qui me frappe à chaque fois que je rencontre le monde anglo-saxon (par exemple les habitations ou hôtels dits « de luxe »). L’économie de marché, certes, crée des riches et des exclus. Mais ces riches sont bizarrement riches : ils ont de la quantité, mais pas de qualité. L’explication vient peut-être de ce que le tissu social est privé de tout : il n’y a pas d’accumulation de savoir-faire, sinon dans la mémoire des ordinateurs. Le service, pour un Américain, c’est un affamé qui n’a reçu aucune éducation, et qui obéit à une procédure sans la comprendre (principe du management scientifique de Taylor).
Retour à Obama et à sa campagne. Elle semble bien partie non du fait de son talent mais de la collaboration des traditionnels résistants au changement, l’industrie pharmaceutique. De là à penser que l’ancien système ne servait plus ses intérêts et qu’elle avait besoin de quelqu’un pour le réformer sans lui faire perdre la face…
Alors, Obama représentant du pragmatisme américain à son meilleur ? Art du changement pour ne pas changer ? Les milieux d’affaires ont compris qu’ils étaient allés trop loin, et que l’extrémisme sans nuance de George Bush menaçait de les rayer de la carte ? Ils auraient choisi un président qui les défende intelligemment, enfin, et qui ne leur ressemble pas, surtout ?
Compléments :
- Wikipedia parle des différents systèmes de santé mondiaux. Le système français aurait été trouvé le meilleur. Mais pourquoi le réforme-t-on aussi brutalement alors ? Une fois de plus, est-ce une erreur de conduite du changement ? On prend quelques dysfonctionnements pour un vice mortel du système ? Mais le nouveau modèle que l’on nous propose n'est-il pas celui qui a échoué aux USA (où l’on parle de système de santé « orienté marché ») ?
- Un de mes premiers billets irait peut-être dans le sens de ma conclusion : les premiers à avoir parié sur Obama sont les milieux du capital-risque de la Silicon Valey. Je ne peux m’empêcher d’imaginer que, comme pour leurs plus grands coups, l'inconnu Obama a dû susciter chez eux une sorte d’extraordinaire éclair de génie : bon sang, mais ce nègre est l’un des nôtres, et peut-être le meilleur !
- Un billet qui montre l'extraordinaire pargmatisme des milieux d'affaires américains et les adaptations qu'ont subies leurs idées pour survivre aux crises qu'elles ont suscitées : Consensus de Washington.
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