GAY, Peter, The Enlightenment, the rise of modern paganism, Norton, 1995.
L’avènement des Lumières
L’histoire avait une part essentielle dans la vision du monde des philosophes. Pour eux elle était l’affrontement de l’obscurantisme et de la raison.
Les premières Lumières furent grecques puis romaines. Alors la société se disloque, l’élite se sépare d’une masse d’ignorants dont elle se désintéresse, ou dont elle exploite la crédulité.
Le Moyen-âge est dominé par le mythe, négation (volontaire) de la raison. Tout est lié : le Christianisme justifie la hiérarchie, fondement de l’organisation sociale (le drame shakespearien, c'est l'individu qui trouble cet ordre). La science ne disparaît pas, mais elle joue un rôle subordonné, comme les autres symboles d’une société qui n’est que symboles.
Peut-être est-ce le succès de la science qui va transformer le point de vue des hommes sur leur avenir ? Celle-ci sera précédée par des « propagandistes », Bacon et Descartes, qui définissent la méthode scientifique. Les découvertes, en particulier de Newton, suivent.
Les guerres de religion font avancer la cause de la tolérance et émerger le désir de fonder la société sur autre chose que le sectarisme, sur une sorte de droit immanent, le droit naturel.
Puis c’est le tour des libertins, qui, en sous-marin, vont saper les fondements de la société, et forger l’argumentation des philosophes, qui seront bien moins des penseurs originaux que des vulgarisateurs et de redoutables polémistes.
L’Église leur a facilité la tâche : non seulement elle est gagnée par leurs idées, dont elle ne perçoit pas la nocivité, mais elle sert la cause de ses ennemis en donnant une image peu chrétienne d’elle-même. D’ailleurs la ferveur religieuse de la société décline.
Les idées des Lumières
Les Lumières sont avant tout une lutte à mort avec le Christianisme, vu comme le pire des fanatismes. C’est l’affrontement de l’esprit critique et du mythe.
Les philosophes semblent avoir deux objectifs. Le premier est de mettre la nature au service de l’homme, au moyen de la science ; le second est de faire le bien.
L’homme est ce qu’il fait. Philosopher c’est agir, trouver puis faire ce qui est juste. Cette pensée est construite sur l’expérience pratique, c’est une pensée de bon sens. Elle veut débarrasser le monde du mythe, de ce qui est accepté sans réfléchir, donner à l’homme ce qui lui est accessible, et lui faire renoncer à ce qui est hors de sa portée (métaphysique).
Ses parents sont :
- Stoïcisme : devoir de l’homme envers la société, identité éthique et politique, et théorie et pratique, fraternité des hommes, car partageant la raison universelle ;
- Éclectisme : tous les systèmes ont une part de vérité, pour trouver la vérité il faut les combiner - justification de la tolérance ;
- Scepticisme : le doute comme attitude première.
Commentaires :
2 réflexions
- La société serait-elle renouvelée périodiquement par des idées, apparemment inoffensives, qui, poussées dans leur logique, produisent une révolution ? Adoptées par tous, car séduisantes, elles sont fatales à certains, parce qu’elles contredisent les principes qui font leur légitimité ; leurs purs produits sortent vainqueurs de la transformation. (Cf. les bouleversements Internet, la libéralisation du monde, et les malheurs de l’URSS.)
- Le mal de l’Occident serait-il le Moyen-âge - une division de la société en classes, celle du bas étant asservie par la superstition ? Parallèle avec nos dernières décennies ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire