Nazisme, communisme
et libéralisme, même combat ?
La théorie d’Hannah Arendt est que nazisme et communisme ont
voulu réaliser une utopie. Ils ont cru que tout était possible. Pour réaliser
ce qui n’est pas possible, ils ont détruit les conditions qui rendent l’homme
humain. Comment ? Par le changement pour le changement. (Ce qui ne peut me
laisser indifférent !)
Le plus surprenant dans Thatcher
and sons, est que l’on y découvre que ce n’est pas Thatcher qui a appliqué
le Thatchérisme, mais ses opposants, et surtout le reste de l’Europe. Même nous :
les réformes du précédent quinquennat semblent un décalque des réformes
anglaises ! Inattendu. Mais surtout, le Thatchérisme était une utopie. Il
voulait remplacer la culture du service publique et de la démocratie, corrompus
par le socialisme, par celle de l’entreprise. Mais, par « entreprise »
il n’entendait pas PME, mais cabinets de conseil ! En 10 ans le
gouvernement britannique a dépensé 70md£ en conseil ! Et ces cabinets
voulaient installer le marché dans tout ce qu’ils touchaient. Pour cela, ils prônaient
le changement pour le changement…
Tocqueville avait-il
raison ?
Cela m’a rappelé Tocqueville, qui voyait la révolution
française comme la tentative de réalisation d’une utopie. L’illusion d’un monde
construit sur la raison. Sommes-nous victimes des illusions de la raison ?
Ou Polanyi ?
Mais il y a un autre livre qui modélise encore mieux à notre
situation. C’est La grande transformation
de Polanyi. Selon lui, l’histoire récente du monde s’explique par sa réaction à
une utopie. Celle du marché. L’utopie du marché veut que tout soit échangeable,
comme un produit, de l’homme (marché du travail), à la terre (marché de l’immobilier).
Ce qui demande standardisation (tout homme doit être comparable), et mobilité
totale (pas de lien social, pas de famille en particulier) : le produit
doit aller au plus offrant. D’après Polanyi, les totalitarismes, le
colonialisme… seraient des tentatives de rejeter cette utopie de chez-soi,
parce qu’elle est invivable, vers les faibles.
Crises de folie de la
raison ?
Peut-on construire une théorie du phénomène ? Et si nos
crises étaient des sortes de crises d’adolescence de la raison ? Depuis
les Lumières l’individu a pris le dessus sur la société. En conséquence, il
peut être logique qu’il veuille reconstruire le monde selon ce que lui dicte son cerveau. Celui-ci étant extraordinairement limité, cela le conduit à des
désastres.
Surtout, le Surindividu étant le boutiquier anglo-saxon, il
est peut-être normal que le degré zéro de l’intelligence, la fiction du tout
produit, se soit imposée. Et qu’elle cherche à nous contraindre par sa poigne de
fer invisible.
Comment permettre la dimension individuelle de l’existence
et éviter ses crises de folie sans aliénation sociale de l’individu ? La
raison, qui nous a rendu de bien mauvais services, peut-elle nous indiquer le
chemin ?
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