Chaque année, je me demande comment noter mes étudiants. Je
suis en face de trois cas de figure.
- Il y a ceux qui me trouvent sympathique et veulent faire du zèle. Ils passent malheureusement souvent à côté du sujet. Ce qui me navre.
- Il y a le « bon élève », l’intellectuel. Cette fois-ci j’ai, plus ou moins, la lettre du cours. Mais pas son esprit. Le bon élève est un as de l'économie. Il obtient la meilleure note pour le minimum d'effort.
- Il y a les « rebelles ». Ils en font à leur tête. Curieusement, ils ne font pas ce que je leur demande, mais ils se prennent de passion pour le sujet, et en découvrent l’esprit. Cette catégorie en comprend deux : les rebelles de l’écrit et les rebelles de l’oral.
Je me demande s’il n’y a pas ici une métaphore de notre
mécanisme de pensée. Et si mon cours ne porte pas plus sur la pensée, et le
jugement, que sur le changement. Penser, c’est refuser les codes. C’est faire du neuf. Mais c’est
un neuf qui n’est pas aléatoire, c’est un neuf qui correspond à une nouvelle
réalité. On rejoint le changement, finalement. Il y a un lien.
Généralement, nous ne pensons pas. Nous surfons sur les
courants de pensée existants. Nous les choisissons indirectement. Par des
arguments tels que : celui qui les porte est-il de mon camp ? Ou
par rationalisation de notre paresse, en trouvant une raison de ne pas nous
pencher sur une idée qui nous dérange : celui qui la propose est-il très
catholique ?
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