Qui l'eut dit ? Qu'un jour je lise un ouvrage d'art ! Mais celui-ci, trouvé par hasard, représente peut-être la culture anglaise à l'un de ses sommets. Un temps où les plus grands esprits écrivaient de manière simple et concise et cherchaient à mettre en mots l'apparemment inintelligible. Ce que, peut-être, seuls, les philosophes grecs avaient réussi avant eux.
Donc, ce livre est une sorte d'anthropologie de l'art. Il cherche à décrire ses "structures". La définition "d'art" n'est peut-être pas sa plus grande réussite, d'ailleurs : "une conception humaine rendue explicite grâce à un support". De même que la beauté "communication réussie d'une émotion personnelle". Pour être exact, l'ouvrage ne parle que de peinture, et pas de sculpture, contrairement à ce que dit son titre.
Plus intéressante est sa description du changement. Tout d'abord, l'art européen se démarque de l'art oriental en ce qu'il décrit une apparence, et qu'il s'intéresse au corps, à la vie, et que, justement, il évolue, alors que l'art oriental parle d'essence, et utilise pour cela des symboles éternels. La peinture européenne a progressé par phases, avec des périodes de créativité échevelée, suivies d'un assoupissement définitif. Comme dans la théorie de Hegel, chaque culture est, à un moment, un contributeur décisif, avant de s'éteindre. Tout part de l'Egypte, puis connaît un point culminant avec la Grèce, Rome est un néant créatif. Ensuite, Byzance marque un virage oriental : l'Eglise s'intéresse à l'âme, pas au corps, l'art redevient symbole. Avec Giotto et Florence, l'histoire repart dans le sens du corps et de la représentation. La Renaissance est italienne, Florence, Sienne, Venise. L'innovation se poursuit en Hollande et en Espagne, avant que la France ne devienne son principal foyer, à partir de la fin du 17ème siècle. Ce changement semble subir deux influences. D'abord, il reflète la culture de la nation qui l'accueille et l'esprit du temps. Ensuite, et avant tout, il est une recherche de représentation du monde visible, ponctuée d'une succession d'innovations.
Mais l'art est surtout contraint par la façon dont, collectivement, la société perçoit la réalité. Tout le monde peint de la même façon au même moment. Le changement artistique est un changement d'état d'esprit collectif. C'est pour cela qu'il est difficile.
On est en 1950. Eric Newton s'interroge sur l'avenir de son sujet. L'art est une chose compliquée. Car il est un mélange d'imagination, de technique, et il s'inscrit dans une relation à la société, à un client en particulier, et à des normes sociales, en général. Il semble penser que la contrainte est nécessaire au génie. Or, justement, l'artiste moderne s'est abstrait de la contrainte, pour exprimer son individualité. De ce fait, il n'a plus rien à dire ? Art européen : la fin de l'histoire ?
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