La Convention citoyenne, c'est l'intelligence collective, l'autorité définitive de la parole du peuple. C'est ce que pense, ou aimerait faire croire, le gouvernement.
Car la Convention citoyenne est un type de travail de groupe qui est bien connu pour ses biais.
Un groupe est extrêmement vulnérable à la manipulation, volontaire ou non. Le psycho-sociologue Serge Moscovici a montré, par exemple, qu'il suffisait qu'un petit nombre de "comparses" soient fermes dans leurs opinions, pour produire un recodage de la vision des couleurs du reste du groupe ! Robert Cialdini fait de la "validation sociale" (moutons de Panurge) une des lois des comportements sociaux. Pour beaucoup de raisons nous savons qu'il est désirable de penser comme les autres, ou dangereux de ne pas le faire. Ce phénomène se produit dans les jugements par jury. Le film "Onze hommes en colère" montre, d'ailleurs, comme un seul juré peut retourner un groupe complet.
La sélection du groupe influence ses conclusions. Soit il n'est pas représentatif de la population, et va refléter la culture, les intérêts, des gens choisis, soit il est représentatif de la population, et les virtuoses de la parole vont écraser les damnés de la terre.
Ce sont des phénomènes bien connus par ceux qui font des études de marché.
Le groupe ne travaillant pas correctement, il en reste à des considérations superficielles, il ne pénètre pas au coeur de la question. Par définition il ne va pas se confronter aux problèmes susceptibles de produire un conflit. De ce fait, ses décisions ne peuvent avoir aucune autorité.
(La question du groupe et de la démocratie est étudiée depuis les Grecs et les Anglais, pourquoi ne tient-on pas compte des enseignements du passé ?)
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