mercredi 15 juin 2022

La valse aux adieux de Kundera

Je poursuis ma relecture de l'oeuvre de Milan Kundera. 

Plutôt que d'une "valse", il s'agit de la ronde de Max Ophüls / Schnitzler. Le temps d'organiser un concert, quelques personnages se croisent, dans une station thermale. On retrouve l'atmosphère légère de Risibles amours, et quelques uns de ses types humains. La vie de ces gens n'est qu'aventures amoureuses sans lendemain. Au fond, ils ne pensent qu'au sexe. Et le propre des relations humaines est l'incommunicabilité. Cela semble même être ce qu'il y a de plus solide dans la vie : c'est la jalousie, souvent, et pas l'amour, qui soude le couple. Et c'est, bien des fois, lorsque cela commence pour l'un, que cela finit pour l'autre. 

Mais apparaissent aussi des aspects de la société tchèque, et soviétique, qui n'étaient pas dans Risibles amours. Voilà qui est surprenant : chez elle aussi, il y a lutte des classes. Elle ressemble étrangement à celle que nous connaissons aujourd'hui. Car le socialisme a ses privilégiés, intellectuels et artistes, qui vivent dans le luxe, et à qui tout est permis. Le peuple, le "petit blanc", au ras du sol, et qui croit aux dogmes du Parti, ne les aime pas. Mais, aussi, cette aristocratie est soumise à des purges plus ou moins arbitraires. De temps à autres, on y sacrifie l'être humain, de préférence l'ami, à l'abstraction. 

C'est peut être Les possédés de Dostoïevsky, mais pas Crime et châtiment. Car cette vie n'a pas de sens, et le meurtre y est sans conséquence. C'est tout le contraire d'un drame. 

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