C’est une société qui n’a pas grand-chose à
voir avec la nôtre. Le plus curieux, me semble-t-il, est que le « droit
romain » est une illusion. Le droit ne réglait pas la société. La loi, c’était
la parole des sénateurs. Car les sénateurs représentaient l’autorité, la tradition fondement de la société. C’était
donc une question de rapport de forces. La société était une sorte de fédération de grandes
familles, petits Etats dans l'Etat. Le père y était tout puissant, il
était juge unique sur ses terres. Le noble romain était un propriétaire
terrien dont l’idéal était l’oisiveté, puisque seul un oisif peut se livrer aux
travaux de l’esprit. En réalité il était un homme d’affaires mu par la soif
du gain. Ce qui faisait qu’il s’engageait dans tout ce qui pouvait lui
rapporter, et que l’Empire romain était une diaspora de businessmen. C'était un citadin. Car la ville c'était la civilisation. La femme
était considérée comme mineure intellectuellement, mais avait une totale liberté, notamment sexuelle. Et elle ne se privait pas de partir avec dot et bagages quand cela lui
plaisait. Le bon maître affranchissait ses esclaves à sa mort. Ceux-ci, alors,
entraient dans le commerce, et s’enrichissaient. Leurs enfants pouvaient envisager
la carrière des honneurs. L'équivalent de nos "petits blancs", le citoyen pauvre, les haïssait. Pour le reste, il y avait une populace de paysans
ployant sous l’impôt.
Les grands
gouvernaient. Ce qui signifiait essentiellement bâtir des monuments et
organiser des fêtes. Tout ceci sur leurs deniers : ruineux. D’autant qu’ils
devaient entretenir une cour de clients. Mais, à l’envers, la règle
était la corruption, le fort exploitant le faible.
Finalement, le noble romain semble avoir vécu au présent. Il
ne croyait pas à ses dieux. Au mieux les voyait-il comme de grands hommes, plutôt
que des être surnaturels. Il ne s’intéressait pas à l’au-delà. Il demandait à
la philosophie de l’aider à vivre, et à mourir dignement. « Apollinisme distingué fait d’autocensure,
vertu de la richesse satisfaite, quiétisme et esthétisme voulus et secrètement
puritains, il y a tout un monde là dedans. »
(VEYNE, Paul, La vie
privée dans l’Empire romain, Points Histoire, 2015.)
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