vendredi 28 septembre 2018

Triste et édifiante histoire de l'Ecole centrale ?

Pourquoi n'est-il pas passé par le corps des finances ? me suis-je demandé en lisant le CV du nouveau directeur de l'Ecole centrale de Paris. En effet, il est diplômé de Normale sup et membre du corps des Mines (de mon temps, ce dernier était ouvert aux dix meilleurs polytechniciens, plus à quelques esprits d'exception égarés). L'élite ultime, à l'inspection des finances près, de la technostructure publique. Toujours est-il que c'est peut être un moment important pour l'Ecole centrale. En effet, depuis qu'elle a des anciens élèves en âge de la diriger, tous ses directeurs ont été centraliens. Cela tenait à son projet, même. Triste fin d'une belle histoire ?

Centrale avait pour origine Saint Simon : elle devait former un entrepreneur scientifique. Et c'est ce qu'ont fait les premiers anciens élèves - enseignants. Ils transformaient leur expérimentation pratique en théorie, qu'ils transmettaient à leurs jeunes camarades. Inversement, ils absorbaient les théories, qu'ils adaptaient à la réalité. Ils furent parmi les premiers à enseigner le management scientifique de Taylor, par exemple. Succès énorme, dont la Tour Eiffel n'est que la partie émergée. Et qui a engendré un grand nombre d'émules dans le monde.

Ecole du 21ème siècle ! direz-vous. Curieusement, son ancien directeur a fait un autre diagnostic. Emporté par l'admirable influence chinoise, il a pensé que l'école n'avait pas une taille critique. Il s'est engagé dans une politique de fusion acquisition en marche forcée.

Dans le monde des entreprises, ce type de stratégie, fréquente, car à la démesure des égos des dirigeants, finit par une faillite, et, en France, par une reprise en main de l'Etat. La force ultime d'une entreprise, ou de toute institution, est son projet fondateur. Parce que ce projet est unique. Et que ceux qui gagnent sont les innovateurs. Les Steve Jobs ou les Eiffel. Pas les Chinois, ou les technocrates. Voici un enseignement que j'ai tiré de mon expérience.

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