On m'a conseillé ce livre. Jean Viard est apparemment un homme connu et influent. Si j'en crois ce qu'il écrit, il a étudié le FN marseillais pour le compte de Science Po, et il vit une partie de son temps à Paris, à l'hôtel, et dans un restaurant de l'Odéon qu'il a transformé en bureau. Certainement un point d'observation idéal pour un anthropologue.
Si je le comprends bien, on a espéré un "monde d'après", puis on n'y a plus cru, mais, on constate maintenant que la France a changé. Elle est méconnaissable ? A moins que ce ne soit le monde d'avant avant ?
La France se recompose. Le livre donne l'impression que sa population se réapproprie son territoire. Un peu comme si le confinement était définitif. La frontière reprend un sens. Jet set et mondialisation, c'est fini ? Cet espace est divisé en 3. La métropole, qui est un "hub" au sens aérien du terme, où se croisent les flux internationaux et nationaux. La campagne cultivatrice, qui ne change pas. Et, au milieu, majorité du territoire, qu'il appelle "ville jardin", un espace nouveau, dont une partie de la population est télé travailleuse et dont l'innovation est le "tiers lieu" (tentative du bobo expatrié de recréer un espace civilisé chez les ploucs ?).
Et maintenant, le problème. Cette nouvelle France n'a pas de représentation politique. Cela tient en grande partie à ce que (dans sa volonté de nous adapter à l'ère "de la mondialisation et de la jet set" ?) le politique n'a fait qu'inventer des dispositifs abstraits que personne ne comprend, d'où des taux d'abstention exceptionnels aux élections (une prévision vérifiée aux élections régionales récentes). En outre, ils sont totalement inadaptés à la réalité que révèle l'épidémie.
Jean Viard semble penser que le trio région, département, commune qui a géré l'épidémie, avec l'Etat en soutien, va émerger comme nouvelle organisation du pays. Pour le reste, il fait des propositions pour rendre démocratiques les abstractions créées par nos gouvernants et les nouvelles organisations territoriales. Par exemple ? donner deux votes à chaque citoyen, un pour sa ville de résidence, un pour sa ville d'emploi. Plus généralement, modifier la carte électorale en fonction des zones géographiques qui ont un sens pour le citoyen.
Ce livre, surtout, semble dire qu'au sommet de la France on ne voit plus le monde de la même façon qu'avant. Le Gilet jaune, par exemple, qui, hier, était l'émanation de forces rétrogrades, est maintenant un fait de société, au côté du bobo. La révolution, c'est peut-être cela. Mais quelles vont en être les conséquences ? Que faire pour qu'elles soient favorables ? Pour un prochain livre ?
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