lundi 3 janvier 2022

Bilan Brexit

Las de la radio française, je me suis mis à écouter BBC4. J'y ai beaucoup entendu parler de Brexit. Voilà ce qu'il me semble avoir compris :

Première découverte : l'Angleterre était devenue totalement dépendante de l'immigration. C'est exactement la logique de la délocalisation. Ce type d'immigration permet de disposer de personnels dont l'avantage concurrentiel est qu'ils ne ressortissent pas aux droits de l'homme. J'ai entendu même dire qu'il y avait des milliers de personnes qui sont en situation d'esclavage, pour les mêmes raisons que l'on parle d'esclavage au moyen-orient. Grâce à cette immigration massive, prête à tout accepter, l'entrepreneur n'a plus besoin d'innover, et l'Etat d'investir. Le pays paraît dans un état désastreux.

Si le Brexit s'est fait au nom de l'UE, c'est parce que l'UE a été instrumentalisée par la classe dirigeante anglaise pour diffuser tous azimuts ses idées. (C'est ainsi que l'UE s'est élargie à des pays qui ne partageaient pas ses valeurs.) Sortir de l'UE était donc la condition nécessaire pour rappeler à l'ordre cette élite dirigeante. C'est ce qu'a compris Boris Johnson, qui, avec son programme "levelling up", enterre la politique menée depuis Mme Thatcher. Désormais, il promet à l'Angleterre de la productivité, donc des emplois bien payés et qualifiés.

J'explique souvent, ce qui surprend, que la résistance au changement est un suicide. En effet, être prêt à se suicider est la mesure la plus dissuasive que l'on puisse inventer. Il se trouve que, effectivement, le Brexit ressemble à un suicide. Samedi dernier, j'entendais parler de l'agriculture anglaise. Les éleveurs de porcs ont dû tuer leurs animaux, car les abattoirs ne peuvent plus le faire, faute de personnels immigrés ; il n'y a plus de subventions, de normes et de protections européennes ; le pays a signé un accord de libre échange avec l'Australie, qui, apparemment, a des exigences de qualité moindres que l'Angleterre... Et la puissance de la grande distribution anglaise n'a rien à envier à celle de son équivalent français. Au moment où l'on parle de circuits courts, on entend dire que l'agriculture britannique doit entrer dans la supply chain mondiale ! Et que, d'une manière générale, il faut attendre le fameux "levelling up" de l'investissement étranger ! Pays à vendre ? 

Ce qui ne tue pas renforce. Certes, mais la situation anglaise est extrêmement préoccupante. 

(PS. On traduit "levelling up" par "nivellement par le haut"...)

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