vendredi 24 février 2012

L’Abbé Grégoire, homme politique exemplaire (1750 – 1831)

J’ai traversé vingt-cinq ans de Révolution. J’ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même.
Un paradoxe pour le « Cercle du Changement » ?

En fait, Grégoire, croyant et républicain, conserve l’équilibre grâce à une constante adaptation, aussi bien dans une première période, antireligieuse que dans une seconde, anti républicaine. Sa vie politique s’est, en effet, déployée de 1789 à 1820. Malgré la Terreur, il ne cessa jamais de siéger à la Convention en habit ecclésiastique.

La rigueur subtile de sa position, méconnue, il est rejeté par les uns pour avoir été un prêtre courageux défenseur de sa foi, et par les autres pour avoir été « jureur ».

Probablement aussi, l’extrême complexité, due aux temps troublés qu’il a traversés et aux sujets délicats qu’il a abordés, est-elle une explication de la non reconnaissance que son engagement mériterait, dont voici quelques exemples.

Législateur innovant et éclectique, il rédigeait et défendait ses propositions avec talent, en particulier pour la défense des minorités de l’époque, les Noirs, les Juifs et les Femmes. Il est pourtant inconnu par rapport aux icones révolutionnaires. Ce sont d’autres que lui qui en récoltent les fruits.
Partisan de l’abolition de la royauté, mais aussi de la peine de mort, il n’a pas voté celle de Louis XVI.
À l’origine de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il est partisan d’une Eglise gallicane. C’est pourquoi il s’oppose à Bonaparte au sujet du Concordat qui renouait avec l’Eglise romaine.
Il s’oppose aussi, courageusement, à la proclamation de l’Empire, car il voit en Napoléon Ier un continuateur de Louis XIV.

L’éducation pour lui était le moyen de la liberté et il écrivait : « Éclairer l’ignorance qui ne connaît pas, et la pauvreté qui n’a pas les moyens de connaître » ; il est l’un des fondateurs, entre autres, du Conservatoire national des arts et métiers, et de l’Ecole Polytechnique. Dans son Rapport sur l’établissement d’un Conservatoire des Arts et Métiers (29 septembre 1794), il affirme : « Le perfectionnement des arts est un principe conservateur de la liberté ; secouer le joug de l’industrie étrangère, c’est assurer sa propre indépendance. »

À l’occasion du Bicentenaire de la Révolution, en 1989, ses cendres ont été transférées au Panthéon, avec celles de Condorcet et de Monge.

En France, deux thèses essentielles lui ont été consacrées, l’une de Rita Hermon Belot, La politique et la vérité, l’Abbé Grégoire et la Révolution française, et l’autre de Jean Dubray, Les fondements anthropologiques et l’art social dans l’oeuvre de l’Abbé Grégoire.

Au Cnam, quelques-uns se sont donnés la mission de mieux faire connaître l’Abbé Grégoire, en organisant des colloques, ouverts à tous, qui ont permis d'évoquer différentes facettes de l'oeuvre et de la personnalité de l'abbé Grégoire :
  • le premier, en 2006 : L’Abbé Grégoire, pionnier de la formation professionnelle.
  • le deuxième, en 2007 : L’Abbé Grégoire et le patrimoine.
  • le troisième, en 2009: L’Abbé Grégoire, défenseur des droits de l’Homme.
  • le quatrième, en 2010 « L’Abbé Grégoire et la Séparation de l’Eglise et de l’Etat ».
Le jeudi 8 mars prochain, a lieu le cinquième colloque, L’Abbé Grégoire et les droits de la femme, dans l’amphi éponyme, au Cnam.

La figure de l’Abbé Grégoire reprend sa place :
Un panneau, dans une salle du Musée, nous informe sur le décret de la création du Cnam, propose quelques citations, ainsi que des documents à consulter.
Un portrait, placé dans la loge impériale, le rendra présent dans « son » amphi.

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