mardi 17 juillet 2012

Comment éradiquer la pauvreté : Poor Economics

Afficher l'image d'origineComment éradiquer la pauvreté ? « Laisser faire » le marché ou aider le pauvre ? Deux économistes du MIT, enquêtent. Ils testent ces idées sur des populations témoins. Résultat ? Les pauvres ne font pas ce qui paraît évidemment bon pour eux. Pourtant, leur comportement a une logique impeccable. Et dans des circonstances comparables, nous ferions comme eux. Les pauvres ne sont ni des paresseux, ni des martyrs. Ce sont des gens comme les autres, mais qui font face à des circonstances exceptionnelles. Ce que je retiens :
  • Vues les ressources disponibles, les pauvres pourraient manger à leur faim. Mais leur manque d’espoir en l’avenir fait qu’ils recherchent des consolations qui les privent des moyens de satisfaire des besoins, apparemment, fondamentaux.
  • La santé est une question trop complexe pour être laissée à l’entendement du seul individu. Il faut créer une infrastructure / un système, dans lequel l’homme tende naturellement à prendre des décisions favorables à sa santé.
  • Pour que le système éducatif fonctionne, il faut des enseignants devant réaliser une mission claire et simple : enseigner les connaissances essentielles.
  • Pourquoi les pauvres ont-ils de grandes familles ? Pour assurer leurs vieux jours. Pour réduire la taille de la famille, donc augmenter son aisance, il faut un système de sécurité sociale.
  • Ce qui caractérise la vie du pauvre, c’est un niveau de risque colossal. Un incident et c’est la spirale de la destruction. Les pauvres ont développé des mécanismes d’assurance remarquablement sophistiqués. Mais ils ne sont pas parfaits et ils ne prennent pas en charge la santé. Il est difficile pour un assureur privé d’approcher ce marché : sans institutions adéquates, les contrats ne peuvent être respectés. Seuls peuvent être assurés des risques incontestables, donc majeurs. Le plus efficace semble la subvention qui permet de réduire le coût d’achat d’une assurance. Ce n’est pas de la charité, mais un investissement de l’État
  • La microfinance n’est pas le miracle que l’on croit souvent. Elle repose sur l’autoncontrôle exercé par une communauté, qui permet de réduire le coût du crédit. Ce coût s’explique à la fois par le nécessaire suivi du débiteur, et par la flexibilité qu’il demande. La microfinance ne convient qu’à une minorité de pauvres, et pas à l’entrepreneuriat.
  • Le pauvre vit dans un état de dépression tel qu’économiser lui demande d’aller contre sa nature (chercher des consolations). Lui donner un peu d’espoir aurait un impact direct sur sa capacité à économiser.
  • Les pauvres ne sont pas des entrepreneurs par nature, mais par nécessité. Leur rêve est d’être fonctionnaire. Et leurs affaires ont une très faible capacité de développement. En fait pour qu’elles se transforment significativement, il faut franchir un cap, qui demande un énorme investissement (et peut-être même une réorganisation de la société : dans un même village, il y a une multitude de commerces identiques). Pour qu’ils puissent prospérer, il faut leur donner un « bon emploi » salarié stable. La stabilité apporte la confiance nécessaire pour envisager et construire son avenir.
  • Les pauvres ne seront pas sauvés par de grandes théories, mais par des formes de micro actions. Si l’on comprend la logique du problème particulier dans lequel se trouve une population pauvre donnée, on peut l’aider à en sortir, en utilisant de très faibles moyens. En la maintenant ainsi à flots, on rendra supportable l’attente du décollage (éventuel) de son économie nationale, qui l’extraira définitivement de la pauvreté.
(Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo, Poor Economics, PublicAffairs, 2011.)

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