Hyacinthe Dubreuil (billet précédent) et la nouvelle mode de l'holacratie posent la question de "l'auto organisation" de l'entreprise. C'est un problème très ancien, puisqu'il est consubstantiel, par exemple, à l'existence des coopératives. Or, celles-ci ne sont pas faciles à mettre en oeuvre. Autrement dit, ce qu'affirment ces théories ne va pas de soi.
Que dit la science ?
Elinor Ostrom a étudié les conditions de succès de l'auto organisation. Comme dans les exemples que donne Hyacinthe Dubreuil, elle dit que c'est le groupe qui doit avoir la volonté de s'auto-administrer. Ce type d'organisation ne peut pas lui être imposé. D'où les difficultés que rencontre l'économie sociale. (J'y ai quelques amis et y ai travaillé : c'est un panier de crabes.) Elinor Ostrom me semble identifier deux conditions favorables à la réussite d'un tel projet :
- Une nécessité ressentie par tous, une question de survie. Par exemple, épuisement d'une zone de pêche.
- Une sorte de modèle mathématique à paramétrer pour résoudre le problème. Par exemple, un système d'exploitation tournante des dites zones de pêche.
A cela on peut ajouter ce que dit Dubreuil : il semble qu'il doive y avoir un "leader". Mais il doit appartenir au groupe. Fut-ce le cas de Favi, exemple toujours cité d'auto organisation : J.F. Zobrist était "un des nôtres", pas un patron extérieur ?
Inscrire le changement dans la culture ?
Au fond, l'entreprise allemande, sans faire appel au modèle de l'auto-organisation, en semble proche... Quid de la question de la culture française ? Son individualisme n'empêche-t-il pas l'auto organisation ? En fait, on retrouve chez Dubreuil et chez Proudhon le même rêve. Peut-être aussi chez Camus. Correspond-il à une tradition française ? Y a-t-il dans notre culture des formes de communautés auto organisées ? Dubreuil cite l'Imprimerie nationale. Peut-être aussi des confréries artisanales ? Des communautés paysannes ? Les Gaulois face à César ?...
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