L’arrache
cœur de Boris Vian. Des triplets découvrent qu’ils peuvent voler. Leur
mère, voulant les protéger, les enferme dans une cage « pleine
d’amour ». La société d’après guerre, peut-être parce qu'elle avait peur du retour du
fascisme, nous a mis dans une telle cage. Elle a endormi en nous la capacité de
voler, c'est-à-dire notre capacité à la liberté. Dernièrement, la cage s’est vidée
d’amour, pour se remplir de haine et d’envie…
Camus, L’homme révolté. « Je me
révolte donc nous sommes. » L’expression de la liberté, c’est vouloir
créer une humanité dans laquelle il fait bon vivre, dans laquelle l’homme peut
donner le meilleur de lui-même. Ce n'est pas prendre ses jambes à son cou.
Comment réussir ?
Se libérer consiste à « trouver sa voie », selon
l’idée de la philosophie chinoise (Dao ou Tao). Et cela se fait par une
enquête, qui permet de détecter des pistes, et par l’expérience, pour tester
leur validité. C’est l’essence de la démarche scientifique. C’est un travail
qui se mène au cœur des combats des sociétés. Découvrir sa capacité à la
liberté est donc le « plus long chemin de soi-même à soi-même ». En effet, il passe par une odyssée dans le monde et ses problèmes.
Cette odyssée est pleine de pièges. Car c’est notre
cerveau que la société a rendu captif. (Idée centrale de la philosophie des
Lumières.) Elle y a implanté des idées qui conditionnent nos comportements. Et
qui font échouer toute velléité d’évasion.
Cette odyssée doit nous préparer à ce que nous
trouverons en sortant de la cage : la jungle et l’incertain. Le chaos, phénomènes
catastrophiques et imprévisibles. Ce sont des dangers et l’occasion
de se transformer, de se développer. Pour pourvoir y survivre, et les
exploiter, il faut bâtir sa résilience. Et celle-ci est avant tout sociale.
C’est une question d’écosystème (au moins humain). Un tissu de compétences
complémentaires soudées par la confiance et solidaires.
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