mercredi 5 avril 2017

Valérie Guérin

Valérie Guérin. SNCF, Direction digital, Fab transformation digitale interne, en charge du déploiement des outils collaboratifs.  Je vais lui consacrer deux billets. Celui-ci s’intéresse à sa carrière, le prochain est consacré à la transformation numérique de la SNCF.


En vingt cinq ans de carrière dans le groupe SNCF, Valérie Guérin « a eu la chance dans son parcours de rencontrer des managers, collègues ou gestionnaires de carrières qui ont su la sortir de sa bulle de confort ».  « Ces personnes m'ont fait confiance pour créer et impulser le changement. » Elle a quelque chose qui fait que « les projets d'un abord complexe arrivent à se concrétiser »... 
Quelque chose ? Peut-être une compréhension des ressorts intimes de la SNCF. Pour vous ou moi, la SNCF est une grosse machine. Pour elle aussi, mais elle en voit le potentiel. « J’aime travailler dans le groupe SNCF (c’est une) très belle entreprise (…) pleine de ressources (il y a un fort) sentiment d’appartenance… » 
Mais son atout majeur est probablement « une attitude très positive ». « Il faut avoir le courage de dire les choses pour trouver des solutions, j’exprime ce que les autres pensent tout bas. »  « J’aime  le mouvement, le collectif, l'innovation. » « On ose, on se trompe, on rectifie, on bataille » : « l’agilité est un art de glisser naturellement d'une situation à l’autre. »

25 ans de SNCF

La carrière de Valérie Guérin commence en 1991. Elle est « attachée commerciale à la direction Internationale du SERNAM, une société du groupe SNCF, spécialisée dans le transport de marchandises par camion, avion et bateau dans le monde entier : gestion de clients grands comptes, organisation logistique pour le village olympique aux JO d'Albertville, développement de partenariat avec des apporteurs de fret ».

« En intégrant  la direction logistique de SERNAM », elle « développe la relation de partenaire à partenaire avec les grandes entreprises européennes » ; elle « organise pour ses clients la prise en charge door to door : le transport multimodal (pour acheminer les marchandises importées sur le territoire français), le stockage, la gestion de stock, la préparation de commandes pour satisfaire la demande des clients destinataires essentiellement constitués de grandes surfaces, magasins et dépôts ». 

Puis ce sont les grands comptes du fret, elle devient responsable des clients pétroliers. Elle doit « gérer les  flux d'activité entre les raffineries et les dépôts pétroliers, répondre aux appels d’offres, gérer les problèmes d'approvisionnement en cas de situations perturbées. Ce sont des contrats qui portent sur de très gros volumes ». « J’ai appris à découvrir le monde de l'industrie  et le langage du ferroviaire ! »

Alors démarre « un vaste projet ». « Les processus fret pour la production, la gestion et la commercialisation fonctionnent en silos, sont coûteux et les organisations cloisonnées. Le fret lance un projet d'envergure pour refondre l'organisation  en utilisant l’état de l’art des technologies de l’information. » C’est une « digitalisation » complète des processus. Valérie Guérin œuvre sur le domaine commercial. « Après avoir travaillé sur la modélisation des  contrats clients, pour intégrer les nouveaux modes de contractualisation (avec l'arrivée de la concurrence) et des nouvelles offres clients, il a fallu réfléchir à la façon d’intégrer les informations dans une interface informatique. L'objectif est d'éviter la ressaisie, de partager avec les acteurs concernés les informations sur les flux contractualisés pour mieux suivre la qualité de la prestation vendue, et automatiser la mise en facturation. » « Nous avons travaillé sous forme d'ateliers avec tous les acteurs de la chaine : production, conception, systèmes d'information et  administration des ventes.  Cela nous a permis de découvrir toute la chaine de production et de travailler le questionnement et la réflexion sur les étapes primordiales de la chaine de service. » Certes, il y a eu des « points de souffrance, des discussions complexes », mais « la démarche était très structurée », et « l’enjeu était très important pour tout le monde, si bien que les réticences se sont levées peu à peu ». « Le résultat a été positif. « 

Ensuite, elle est « responsable du portail e services pour les clients de fret : 1000 connexions jours, 5 langues, une activité 24h/24. Ce portail permet au client de créer ses commandes et ses documents de transport en totale dématérialisation, de « suivre la vie de ses commandes », consulter ses factures en ligne et ses émissions de CO2 ».  Ce projet aura « un impact énorme sur le service clients mais aussi sur la remise en question de nos fonctionnements internes : il a fallu partager et construire des référentiels et bases de données unifiées, intégrer des données clients, intégrer les directives de la réglementation fixées par Bruxelles ».

Et l’adhésion des clients ?  « Nous avons conçu un système qui ne demande pas de formation, je voulais la même chose que les sites grands publics que nous utilisons tous facilement. » Elle avance « petit à petit », en partant d'ateliers avec les clients volontaires « Nous avons travaillé avec eux pour créer des interfaces simples et intuitives où le client est guidé à chaque étape. » « Nous avons formé les commerciaux aux e-services, nous les avons accompagnés pour qu'ils soient nos premiers ambassadeurs auprès de nos nombreux clients. » Et le changement s’est fait, pour les clients, « très vite pour certains, avec un réel appui au démarrage pour certains autres, dû essentiellement à la peur du changement. »

Après dix ans au fret, Valérie Guérin souhaite « partir à la découverte de nouveaux horizons à l'intérieur du groupe SNCF » « pour découvrir de nouveaux métiers et de nouvelles activités ». Sur les conseils de sa gestionnaire de carrière « persuadée que je serai à ma place dans cet environnement », elle rencontre la responsable de la ligne métier communication du groupe. « La rencontre est très riche », son profil plaît « car de nombreux projets pointent leur nez à la direction de la communication et du digital ! »

« Le langage des communicants et celui des informaticiens sont très différents. Je savais que je pouvais faire un super job de facilitateur pour réunir ces 2 mondes ! »  Et voilà… L'université de la communication SNCF lui offre  une mission de 6 mois « avec comme objectif de créer leur site  pour tous les communicants du groupe ! » « Cette étape a été très enrichissante pour moi : j'ai rencontré des gens formidables, très ouverts, appris sur les techniques d'écriture, et découvert la sémantique des mots ! »  C’est alors que la « direction du digital prend son envol ». Et que le « digital est à la recherche de différents talents». Mais cela, c’est pour le prochain billet.  (Semaine prochaine, même jour, même heure.)

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